Avant même la publication de son quatrième album inédit intitulé « Mbali sana » (qui signifie « très loin » en swahili) Steven Sogo est déjà très loin. Aux Etats Unis où il est en tournée en ce moment dans le cadre du « Nile Project », il affirme malgré le froid hivernal d’Outre Atlantique que quoi qu’il en soit le Burundi en sort gagnant. Rien d’étonnant pour nous autres burundais vu que nous savions déjà que la source la plus méridionale du Nil c’est au Burundi qu’elle se trouve. Ça ne pouvait pas être autrement. Plus que sa musique, son art, SOGO exporte toute une sagess et un savoir-faire burundais, SOGOTOLOGY oblige. Qui dit mieux?
Adolphe B. : Après Bonatology de Richard Bona c’est le tour de SOGOTOLOGY ? Ça signifie quoi exactement SOGOTOLOGY ?
Steven Sogo : C’est toute sagesse liée à la culture burundaise, innovée par SOGO dans sa musique.
Adolphe B. : Il y a quelques années dans un de mes articles j’écrivais « Sogo ça s’exporte » http://www.afrique.fr/interviews-2/sogo-ca-s%E2%80%99exporte/ , et on vous entend sillonner le monde. Sogo ça s’exporte? Si oui pour combien ?
Steven Sogo : ça s’exporte comme vous l’aviez déjà prédit un jour, aujourd’hui c’est une réalité et ça restera comme ça jusqu’à la fin de mes jours. Pour combien? Je ne saurais pas comment répondre à cette question car tout dépend des circonstances et des marchés.
Adolphe B. : Parlez-nous de ce projet « Nile Project ». De quoi s’agit-il au fait ?
Steven Sogo : « Nile project » est un projet qui amène les musiciens du bassin du Nil à se connaitre, à échanger leur musique, à collaborer pour inspirer les citoyens de ce bassin du Nil à commencer une conversation à éveiller une conscience culturelle, politico-environnementale pour la sauvegarde du Fleuve Nil pour le bien de tous…
Pour plus d’informations consultez le site: www.nileproject.org
Adolphe B. : Partout où vous faites des concerts dans la cadre de « Nile Project » comment le public américain accueil-t- il votre musique ?
Steven Sogo : Je ne vois pas comment exprimer ceci, car partout où on passe on y laisse un cachet inoubliable dans les mémoires des gens. C’est tout simplement merveilleux car la musique qu’on produit n’a jamais existé auparavant. Yes Yes c’est un nouveau son.
Adolphe B. : Est-ce que vous dites au public que la source du Nil se trouve au Burundi ?
Steven Sogo : Oui bien sûr je dis que la source du Nil se trouve au Burundi mais « nous nous battons » toujours avec nos amis de la région car le Nil a beaucoup de sources. Mais ce qui est sûr c’est que la source la plus éloignée de toutes les autres se trouve exactement au BURUNDI, alors nous sommes toujours les gagnants de l’histoire.
Adolphe B. : De quelques morceaux du Nile Project que j’ai pu écouter, je trouve votre musique transformée quelle est la valeur ajoutée de Nile Project ?
Steven Sogo : Ma musique sonne différemment dans ce projet je dirais tout simplement que c’est la musique burundaise « NILISEE » si cela peut être dite…(Rires).
https://www.youtube.com/watch?v=_mGPqKD-hyg&feature=youtu.be
Adolphe B. : Comment avez-vous été choisi pour faire partie de « Nile Project?
Steven Sogo : Le directeur musical de ce projet m’a dit qu’il m’a découvert sur you tube, spécialement la vidéo « kwa nyogokuru » lors de mon passage de Momo’s London. C’est vraiment intéressant mais signalons que chaque musicien a été sélectionné différemment il y’a ceux qu’on connaissait avant comme il y’a ceux qui ont postulé.
Adolphe B. : Vous sillonnez le monde, votre musique s’écoute d’Afrique aux Etats Unis mais vous n’êtes pas numéro un des hits parades burundais. Quelque chose cloche n’est-ce pas ? Comment l’expliquez-vous ? Votre musique est faite uniquement pour l’exportation ?
Steven Sogo : Je commencerais à rappeler que j’ai déjà gagné deux concours au Burundi dont le « TALENT SHOW Akabirya » en 2009 organisé par l’Amical des musiciens et le « PAM AWARD » en 2009 qui en 2010 organisé par Menya Media et un concours à l’étranger au Benin, le SICA 2009. Le fait que je ne suis pas numéro un des hits parades burundais aujourd’hui, c’est dû à beaucoup de choses. Premièrement je comprends que les journalistes ne peuvent pas diffuser un artiste tout le temps comme diffuse mes vidéos tout le temps la RTNB.
Deuxièmement, pour certains journalistes leur niveau de compréhension de ce qui est de la bonne musique je dirais est autre. Peut-être qu’ils jugent que la musique américaine, européenne ou le hip pop tanzanien, rwandais, kenyan, ougandais est plus intéressante que la musique burundaise. Et comme au Burundi nous avons des journalistes qui ne sont pas des musiciens, ce qui compte pour eux, c’est le beat. Ils ne comprennent pas la technicité ni l’originalité qui sont cherchées par les radios étrangères et le public étranger. C’est pourquoi ma musique s’exporte chez les connaisseurs je dirais comme ça en d’autre termes. À l’étranger on a besoin de cela car le reste on en a à gogo.
Adolphe B. : Votre participation au « Nile Project » avec une tournée aux Etats Unis nous a presque fait oublier que vous avez un tout nouvel album enregistré mais non encore lancé. Parlez-nous-en. Où a-t-il été enregistré ? Quels sont les producteurs ?
Steven Sogo : Effectivement j’ai un nouvel album que je devais lancer avant que je ne parte en tournée aux USA, mais malheureusement suite aux coupures de courant au pays je n’ai pas pu terminer l’enregistrement à temps. L’album est intitulé « Mbali sana ». Dans cet album je me sens un peu plus libre, j’ai touché à pas mal de sons, rythmes, des instruments traditionnels dans des rythmes variés comme le soul, blues, le funk, les rythmes typiquement traditionnels, une chanson gospel, un peu d’inspiration arabe-Ethiopienne, toute une liberté d’expression riche je dirais.
« MBALI SANA » a été enregistré au Studio Afro music chez Tchetche. J’ai travaillé avec Marc Kibamba comme arrangeur au Studio et Amir Pro pour le mixage jusqu’à maintenant. Rappelons qu’il s’agit que d’une auto-production. C’est à dire Steven Sogo comme producteur de lui-même.
Adolphe B. : « Mbali sana » c’est où ? Pourquoi avoir intitulé votre nouvel album ainsi ? Depuis quand saviez-vous déjà que vous iriez loin ?
Steven Sogo : « Mbali sana » tout simplement pour dire que je viens de très loin, voir mon quartier natal KAMENGE et je vais également très loin. Là où je ne connais pas. Mais je sens en moi que ma musique me fera arriver très très loin, là où j’ignore à présent.
J’ai composé la chanson « MBALI SANA » avant même que « Nile project » me choisisse, tout juste après ma petite expérience en tournée en Angleterre avec mon groupe à deux reprises. J’ai eu une vision de ma carrière. Voilà j’irai très loin.
Adolphe B. : Merci pour l’entretien et l’on vous souhaite d’aller « Mbali sana » si vous n’y êtes pas déjà.
Steven Sogo : Merci pour l’interview et je pense juste que je viens de gouter à ce qui pourrait être « Mbali Sana ».Merci.
Propos recueillis par BIREHANISENGE Adolphe.
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