Depuis le succès du hit “il est beau mon pays”- le titre que nous envie l’Afrique entière- Sogo son auteur, est devenu le roi incontesté du panorama musical et culturel burundais. Ce qui d’ailleurs lui a valu son entrée parmi les « 50 personnalités qui font avancer le Burundi « ( par le journal IWACU : www.iwacu-burundi.org), au coté des plus puissants, plus influents hommes et femmes de ce petit pays. Discret, sérieux et surtout très humble (ce qui n’est pas commun au star system en général ), Sogo (de son vrai nom Steve Irambona), se livre.
Adolphe B. : Qui est Steven Sogo?
Steven Sogo: Je suis un musicien professionnel burundais, chanteur compositeur, originaire de Kamenge un quartier populaire de la capitale Bujumbura. J’ai déjà 3 albums à mon actif dont « il est beau mon pays » qui m’a propulsé sur la scène internationale.
Adolphe B.: La première fois que j’ai entendu parlé de toi j’ai été touché par le timbre de ta voix, le style de ta musique mais aussi par ton nom d’artiste. Ton nom sonne camerounais (ou d’origine Ouest Africain en général). Pourquoi « Sogo »?
Steven Sogo : Merci. Sogo est un diminutif du mot « sogokuru » qui signifie dans notre langue « grand père ». On m’a surnommé Sogo parce que je marchais courbé comme un vieillard quand j’étais petit donc c’est un nom typiquement burundais.
Adolphe B. : Comment définirais tu ton style musical?
Steven Sogo : Mon style est moderne d’inspiration traditionnelle et parfois même typiquement traditionnel, un style africain saupoudré de blues jazz.
Adolphe B. : Quels sont les thèmes que tu abordes dans tes chansons ?
Steven Sogo : Je chante beaucoup plus la vie…quelque fois l’amour, la paix, mon pays et je prodigue souvent des conseils dans mes chansons.
Adolphe B. : Si l’on écoute attentivement tes chansons au début de ta carrière et qu’on les compare avec les morceaux de ton dernier album ”il est beau mon pays”, l’on ne peut s’empêcher de remarquer un changement radical. Du style moderne avec un son électro de tes débuts au style traditionnel et acoustique. Pourquoi ce changement de style? A quoi est il du?
Steven Sogo: Effectivement j’ai du faire un changement radical de style parce que j’ai constaté que ma musique auparavant n’était pas originale et elle ne me satisfaisait pas. Alors j’ai du changer de vision en forgeant mon identité et mes efforts ont été bien salués par le public tant national qu’international
Adolphe B. : Quel genre de Musique écoute Sogo et quels sont les artistes qui t’ont influencé ou qui t’influencent encore?
Steven Sogo : J’écoute le blues et le jazz. Lokua kanza, Habib Koite, Richard Bona m’ont inspiré…Bona continue toujours à m’inspirer.
Adolphe B. : Kamenge ton quartier natal n’est pas connu pour être un quartier représentatif de la culture burundaise et encore moins de la langue burundaise (c’est un quartier plutôt swahiliphone) d’où tiens tu (ou de qui tiens tu ) cette influence traditionnelle très présente dans tes chansons? Es tu vraiment le produit de ton environnement ?
Steven Sogo: C’est vrai qu’on y parle beaucoup plus le swahili, mais nous restons toujours burundais et nous gardons notre langue. J’ai eu aussi beaucoup de chances de passer très souvent mes vacances à l’intérieur du pays et j’y ai puisé la culture burundaise
Adolphe B: Est ce qu’il est possible de vivre uniquement de sa musique au Burundi? Qu’est ce qui manque pour espérer de voir l’industrie musicale burundaise fructueuse?
Steven Sogo: Difficilement mais c’est possible. Nous avons premièrement un problème de droit d’auteur qui n’est pas appliqué, la population n’est pas éduqué pour acheter la musique, il y a un piratage je dirais autorisé et les entreprises locales ne comprennent pas l’importance des artistes dans leur marketing.
Adolphe B. : Selon toi pourquoi la musique burundaise ne parvient elle pas à dépasser les frontières au même titre que la musique congolaise, le coupé décalé etc ? Qu’est ce qui manque à nos artistes ?
Steven Sogo : La musique burundaise ne dépasse pas les frontières parce qu’elle n’est pas originale et donc elle ne crée pas de différence ou de particularité c’est ce qui nous manquait mais nous y travaillons. Nous sommes entrain d’y remédier petit à petit.
Adolphe B. : Depuis quelques années plusieurs jeunes entreprennent en masse la « carrière musicale » mais très peu réussissent à être classe parmi les « 50 personnalités qui font avancer le Burundi » !!!. Comment as tu accueilli cette consécration? Quel est ton secret? Quels conseils donnerais tu aux jeunes qui veulent suivre ton parcours?
Steven Sogo: J’ai accueilli cette nouvelle avec satisfaction et ça m’a donné le courage, l’espoir de continuer ma carrière, ça montre aussi que la musique a une place dans la société burundaise. Mon secret c’est l’humilité, le travail et la persévérance. Je dirais aux jeunes de continuer à travailler dur surtout sans oublier l’identité de leur musique, c’est notre seule richesse » la culture ».
Adolphe B. : A part cette consécration par le journal IWACU, vous avez reçus beaucoup d’autres prix pourrais tu nous en dire davantage?
Steven Sogo : J’ai eu le premier prix du meilleur chanteur dans la catégorie live dans le concours « talent show akabirya édition 2008 ».J’ai aussi remporté le trophée du meilleur album moderne d’inspiration traditionnel 2009 dans le festival SICA au Bénin, et dernièrement je viens d’avoir le trophée « Pam awards 2009 » comme meilleur chanteur burundais dans la catégorie hommes.
Adolphe B.: Quels sont tes projets pour le futur? A quand ton prochain album ? Quelques anticipations ?!
Steven Sogo : Pour le futur je souhaite exporter la musique burundaise dans les quatre coins de la terre. Pour ce qui concerne mon nouvel album rendez vous en 2011.Pour les concerts, ma première tournée en Europe est prévu le 15 juillet en Angleterre ( vous trouverez les dates sur ma page http://www.myspace.com/stevensogo).
Adolphe B. : Personnellement je trouve ta musique de très bonne qualité et facilement exportable, comment faire pour te suivre et te contacter ?
Steven Sogo: Visitez moi sur mon site: http://stevensogo.com ou www.fidjomusic.com ou sur ma page myspace : http://www.myspace.com/stevensogo , http://womad.org/artists/steven-sogo
Adolphe B. : Il ne me reste qu’à te souhaiter bonne chance dans tout ce que tu es entrain d’entreprendre tout en profitant de cett’ occasion pour inviter tous ceux qui trouvent beau le Burundi et qui le veulent crier au monde entier, de te soutenir dans cette louable entreprise !
Steven Sogo: Merci beaucoup.
Propos recueilli par BIREHANISENGE Adolphe.