Que Kidum soit l’artiste burundais le plus connu et le plus talentueux de la région Est africaine (Burundi, Rwanda, Tanzanie, Kenya, Ouganda), les Est africains le savent. Qu’il ait gagné plusieurs prix dont le plus prestigieux Kilimanjaro Awards (comme meilleur artiste Est africain), ça aussi tout le monde le sait. Mais que ses talents et sa carrière commencent à s’ouvrir au monde entier, surpassant la superficie de la Communauté de l’Afrique de l’Est (East African Community) très peu le savent
Non seulement Kidumu vient de clôturer dernièrement son tour européen mais aussi quand l’italienne Francesca Gramegna alias Skeeyz rencontre le burundais Nimbona Jean Pierre alias Kidum ça donne un résultat qui va au de-là du simple plaisir musicale qui charme nos oreilles. Et quand la rencontre se fait en Tanzanie pays voisin du Burundi mais aussi pays conquis artistiquement parlant par le grand Kidum, il s’agit d’une authentique rencontre de cultures. Cette fois-ci, rien à avoir avec l’habituel cliché de l’européenne qui se présente en Afrique avec son bagage culturel remplie de présomption d’ enseigner au pauvre africain la façon de vivre, mais plutôt d’une italienne du sud avec la soif et le désir d’ apprendre. D’ailleurs, l’aventure partait très prometteuse puisque Skeeyz chante (elle joue du piano et de la guitare) et en plus elle a une douce voix très sublime, qui peut conquérir n’importe qui même les plus endurcis. Certes le style musicale est tout nouveau pour cette jeune italienne de 27 ans habituée à sillonner les hôtels de luxes du monde entier reprenant les chansons soul jazz avec un répertoire très varié passant de Ella Fitzgerald, Astrud Gilberto, de Norah Jones à Diana Krall, mais aussi la langue ne facilitait pas du tout les choses.
Après un apprentissage poussé du Swahili qu’elle parle sans accent pourtant très prononcé au sud de l’Italie sa région natale (Puglia), elle parvint à réinterpréter magistralement «Mapenzi» l’un des tubes de Kidum extrait de son dernier album «Haturudi nyuma».
Dans cette reprise de Mapenzi qui signifie l’amour, ce sentiment si confus et si difficile à définir se présente ici avec une clarté hors de l’ordinaire que l’on a l’impression d’en posséder pleinement ou de n’en avoir jamais vécu. Tellement la douceur et la sensibilité vocale de Skeeyz , y constitue une valeur ajoutée qui enrichit d’avantage la version originale de Kidum déjà complète.
LA REPRISE DE «Mapenzi» par Skeeyz:
Que dire de plus? Après avoir été charmé par cette reprise je n’avais qu’à me mettre à la recherche de Skeeyz pour savoir plus sur elle. Tellement la tentation était grande. Et très gentiment Skyeez m’ a accordé un entretien.
Adolphe B.: De Francesca Gremagna à Skyeez.Qui est Skyeez? Pourquoi Skyeez?
Skyeez: En réalité ça ne veut rien dire de précis. Skyeez était tout simplement mon nickname que j’utilisais en jouant au jeu « Commodore64 » et quand j’ai dû choisir mon nom d’artiste pour ma page myspace ce choix me semblait le plus naturel
Adolphe B.: Est ce que l’on vous a déjà dit que vous ressemblez à Mariah Carey surtout sur la photo de votre page myspace?
Skyeez: Quelquefois oui on me l’a déjà dit et c’est un énorme compliment vu ses capacités et sa technique vocale. En plus elle est très belle!.
Adolphe B.: Que fait Skyeez dans la vie? Quel a été votre parcours musicale? Quels sont vos réalisations ou productions jusqu’ici musicalement parlant (albums, concerts,…)? Est ce que vous faites seulement des reprises ou vous avez aussi vos propres chansons inédites?
Skyeez: Pour le moment l’unique possibilité que j’ai de percer dans le monde de la musique c’est de faire des exhibitions live avec des reprises, mais durant mon expérience de chanteuse j’ai été membre de plusieurs band et comme chanteuse interprète j’ai expérimenté plusieurs genres musicaux. Mais je reste convaincu qu’ il est plus important d’écrire et de produire mes propres chansons. Un interprète peut être formidable et professionnel mais il reste toujours un exécuteur de pensées d’autrui tandis que le vrai défi pour un vrai artiste c’est d’essayer de dire quelque chose de personnelle.
Adolphe B.: Parlez nous de votre album inédit?
Skyeez: Mon album de chansons inédites s’intitule “Blindsight”. C’est un terme médicale qui indique la capacité de percevoir ce qui nous entoure sans toutefois le voir. C’est la raison pour la quelle j’ai essayé de choisir et de rassembler dans cet album les chansons écrites par moi-même et qui faisaient comprendre ou percevoir quelque chose de moi, de ma personnalité sans toutefois entrer en détails: Ce choix est peut être dû aussi à ma passion pour les métaphores.
Adolphe B.: Vous avez des influences plutôt jazz. Vous interprétez les chansons de tradition mélodique internationale allant de Ella Fitzgerald, Norah Jones, à Diana Krall, pourquoi Kidum? Comment se fait il que vous ayez décidé d’interpréter une chanson de Kidum? Et surtout où avez vous si bien appris le Swahili?
Skyeez: Le jazz a été le canal à travers lequel à 14 ans j’ai commencé à comprendre combien la musique est plus dense et complexe par rapport à la musique que l’on a l’habitude d’écouter à travers les ondes radiophoniques. Et de là j’ai développé ma passion pour la découverte de nouveaux genres et de nouvelles langues qui pouvaient me stimuler. Grace à mon travail J’ai eu la possibilité de connaitre des cultures totalement différentes de la mienne surtout la culture indienne et la culture africaine (spécifiquement la culture tanzanienne). La musique en Tanzanie est une ressource primordiale, partout il est impossible d’ignorer des milliers de radios qui diffusent chaque jour de nouveaux hits de Bongo Flava (musique très populaire en Tanzanie).
Ainsi j’ai commencé à écouter ce genre de musique moi aussi, tout en suivant les conseils de mes amis tanzaniens et petit à petit je chantonnais quelques chansons tout en essayant d’apprendre le swahili. Découvrir la musique de Kidum a été une grande révélation pour moi. Sa musique est différente de celle de tous les autres artistes: sa façon de chanter, ses mélodies, ses arrangements sont de niveau supérieur et ils ont une profondeur émotionnante .
Adolphe B.: Connaissiez vous personnellement Kidum? Saviez vous qu’il est burundais? Connaissez vous d’autres artistes burundais? Avez vous jamais été au Burundi? Que pensez vous de la musique locale (burundaise ou tanzanienne)? Avez vous jamais entendu parlé de Kidum en Italie avant d’aller en Tanzanie?
Skyeez: Difficile à croire mais c’est grâce au vidéo de la reprise de «Mapenzi» que j’ai eu l’honneur de connaitre personnellement Kidum et de chanter avec lui durant un concert à Mombasa (au Kenya). Ça a été une merveilleuse expérience pour moi. Kidum est un grand professionnel et en plus il est très sympa. Le public présent au concert m’a transmis une chaleur énorme difficile à décrire. Malheureusement en Italie il est difficile de faire passer un produit étranger qui ne soit pas anglais ou américain, même s’il y a des artistes ailleurs qui mériteraient beaucoup plus d’attention. Par exemple Khadja Nin, selon moi mériterait bien une majeure attention.
Réinterpréter «Mapenzi» de Kidum, c’était aussi une tentative de divulgation en plus de ma déclaration d’amour pour cette chanson que j’adore.
Adolphe: A propos, vu que vous faites allusion à «Mapenzi» qui signifie amour en swahili, la question me vient spontanément. Etes vous encore un cœur à prendre?
Skyeez: Si j’ai appris aussi vite le swahili c’est grâce à mon copain (rire).
Adolphe B.: Parlez nous de votre expérience en Tanzanie en tant que italienne du sud (Puglia) dans un monde si différent du votre? Qu’est ce que vous aimez là-bas? Qu’est ce que vous n’aimez pas?
Skyeez: Il ya beaucoup d’étrangers qui vivent en Tanzanie, surtout beaucoup d’italiens au Zanzibar. Je crois qu’il y a une grande affinité caractérielle et culturelle entre africains et italiens (surtout du sud ): l’ouverture mentale, envers l’étranger, l’envie de sourire de partager et d’être ensemble, aussi la musique traditionnelle du sud de l’Italie est très semblable, pleine de percussions rythmes, et harmonisations vocales.
Adolphe B: Non seulement vous êtes chanteuse mais aussi artisane et photographe?! Parles nous de Wonderland’s Jewlery Shop (http://www.myspace.com/wonderlandjewelryshop).
Skyeez:.Mon père est peintre et j’ai toujours été fasciné par la manière par laquelle il parvient à transformer en matière vivante une toile blanche en peu de temps. Tout comme lui, moi aussi j’aime transformer les choses, les personnaliser créer quelque chose de nouveau, j’adore l’innovation.
Adolphe B.: Quels projets avez-vous pour le future? Aurons nous un jour la chance et l’honneur de vous entendre chanter en Kirundi (l’unique langue nationale) dans un concert au Burundi?
Skyeez: On ne sait jamais, peut être qu’un jour j’aurai la possibilité d’aller au Burundi et d’apprendre le Kirundi. Bien que je reste convaincue qu’il soit important d’exploiter cette opportunité d’avoir une langue commune à plusieurs pays africains. Dans ce sens le Swahili constitue un avantage. De toutes les façons j’ai l’intention de travailler sur un nouveau projet pour un nouvel album multi ethnique cette fois-ci afin de restituer tout ce que je suis entrain d’apprendre en ce moment au Zanzibar.
Adolphe B: Merci infiniment pour l’entretien.
Skyeez: Tout le plaisir a été pour moi. Merci.
Propos recueillis par BIREHANISENGE Adolphe
Le Clip vidéo officiel de Mapenzi par Kidum
http://www.youtube.com/watch?v=aEJN-aPocQs
Pour tout savoir sur Skeeyz visitez:
– myspace.com/skyeez
– lastfm.it/user/skyeez
– skyeez.deviantart.com
– youtube.com/skyeez83
Beau projet!
que du bon!