Christelle Le Chat : C’est aussi un manque de moyens qui entraîne cela.
Mighty : Oui, il y a les moyens, mais bon… ! Il faut un commencement à tout! Par exemple, ici au Sénégal au début, ce n’était pas de la peinture ! Ils prenaient carrément du charbon. Au début c’était ça ! Tu prends quelques charbons et puis tu commences à dessiner sur le mur. Vraiment, ici, ça existait depuis longtemps. Peut être que la peinture ça va venir. Ici aussi, au Sénégal, on manque de moyens, mais dans les émissions de TV, par exemple, on voit les gens faire du graffiti, il y a quelques groupes qui en font dans les rues d’ici… En Guinée ça n’existe pas encore. En Guinée, le hip hop est en train de grandir, il vient de naître là-bas. Le hip hop est en phase de croissance. Au Sénégal, ils ont dépassé ça.
Tout à l’heure, il y en a qui se plaignaient. Ils me disaient que « Ouais, vous, en Guinée, ça marche là bas! » J’ai dit « Non pourtant pas! C’est ici que ça marche! ». Ils me disent « Mais vous, dans vos concerts, vous avez le public et tout… ». Bon, ici aussi à un moment donné, il y avait le public, mais il n’est plus présent maintenant! En gros, ce que le Sénégal vivait, à l’époque, il y a peut être dix ans, c’est ce que nous sommes en train de vivre actuellement en Guinée. C’est pour te dire combien on est jeune!
C.L.C. : Pourquoi penses-tu qu’il n’y a plus de public au Sénégal?
Mighty : En fait, il y a eu une évolution. Par exemple, le hip hop sénégalais à un moment donné s’est perverti, est devenu aliéné. Quand tu vois par exemple, le rap américain c’est le rap américain ! Le rap français, dès que tu l’écoutes, tu vas te dire « Ouais, ça c’est du rap français!». Le rap africain aussi va être ainsi: quand tu vas l’écouter, tu vas te dire « Ah! Ca, ce sont des sonorités africaines! ». Alors que les sénégalais, à un moment donné, ont commencé à vraiment imiter le rap américain, la musique jamaïcaine; ce qui a fait que le public ne s’est plus reconnu dedans. L’authenticité africaine n’était plus dedans. C’est comme si j’allais en France et que je voulais imposer le rap français, or c’est un rap imité. Et entre l’imitation et l’originalité, tout le monde choisit l’originalité. Ce qui fait que les gens préfèrent écouter du rap américain pur et dur, ici, que d’écouter l’imitation du rap américain. C’est ce qui fait que le rap sénégalais n’est plus consommé.
C.L.C. : Et en Guinée, ce n’est pas ça ?
Mighty : Non! En Guinée, ce n’est pas ça ! En Guinée, si tu remarques, il y a quelques rares groupes qui le font, de moderniser un peu la musique. Mais le rap guinéen, quand tu l’écoutes tu sauras qu’au moins, c’est du rap guinéen. A la limite, c’est nul quoi ! C’est-à-dire tu n’entends aucun truc moderne dedans et puis c’est… voilà quoi ! Mais, c’est du rap guinéen. Or, ce sont les albums qui ont vraiment marché en Guinée plus que nos albums même. Si tu prends l’exemple de l’album de Mifa Guéya ou de Pee Wada. Ce sont des albums authentiquement guinéens! A la limite, ce n’est même pas du rap, mais c’est guinéen ! Les gens ont apprécié cela. Et même les vieux, les vieillards, les vieilles, les enfants, les tout-petits chantent ces musiques là.
C.L.C. : C’est un peu la même chose avec H2O, le groupe de hip hop béninois, quand tu écoutes le CD tu n’as pas l’impression que c’est du hip hop!
Mighty : Justement, ils font du rap vaudou. Quand on parle de vaudou, on pense au Brésil, à la Jamaïque, on pense à tout ça aussi. Mais, le vaudou est originaire de l’Afrique. Ce sont les peuples de l’Afrique qui ont transporté le vaudou en Amérique et un peu partout dans le monde. Mais ceci dit, le peuple béninois retrouve toujours du béninois dans le rap de H2O, parce que c’est africain. Maintenant s’il est question de consommer du rap américain, ils vont consommer du rap américain, il n’y a pas de problème. Mais toujours est-il qu’ils se reconnaissent dans le style musical de H2O. Il y a cette question d’authenticité et d’identité qui se pose. L’Afrique a toujours voulu copier l’Occident. Ça ne peut pas toujours continuer comme ça. Il faudrait qu’on valorise nos propres valeurs et qu’on ait quelque chose qui nous appartienne. Si tu vois que la musique m’balakh marche aujourd’hui à travers le monde, c’est parce qu’elle a su imposer sa culture. Et puis, le « coupé-décalé » qui fait fureur actuellement à travers le monde, tout le monde le chante. Ça s’impose encore, parce que c’est une identité, ça appartient à un peuple. C’est pour ça que le rap ne marche pas en Côte d’Ivoire. J’ai été en Côte d’Ivoire et ce que j’ai remarqué c’est que les rappeurs ivoiriens ils sont tout le temps entrain d’imiter les rappeurs français. C’est-à-dire ils viennent sur scène avec leurs serviettes, ils rappent tout le temps en français. Ça colle pas quoi. Tellement que le public ne s’est pas retrouvé, ils organisent des concerts où c’est vide!
C.L.C. : Mais pourtant avec Kill Point, au départ c’est ce qui a marché et pourtant ils ne chantent qu’en français et ça ressemble à du rap français.
Mighty : Oui ! Mais attends ! Eux, c’est parce qu’ils étaient des précurseurs. Imagine toi, tu entends toujours du rap sur une cassette ! Et maintenant, tu as l’occasion de voir un rappeur et qui plus est, il est chez toi ! Il y a cette curiosité là qui t’attire. C’est pour ça tous les précurseurs de rap dans les pays africains en général ce sont des gens qui ont marché. A l’instar des PBS, Daara J, Kill Point ce sont des gens qui ont débuté le rap dans leur pays donc forcément ça marche ! C’est une nouveauté, quelque chose à quoi on n’a jamais goûté donc tout le monde est obligé de goûter pour voir quel goût ça a.
Dakar, le 20 février 2005
salt bn interview d la par d mamdy dp8 bruxell
bonne presta6n g s8 d koeur a vk le syla mamdy dp8 bruxelle
mercie mes freres garde la foie silatigui arrivent et on sait que vous nous attendez mais on arrivent avec le meme style mais plus grave cet fois sila on est et on restera