Interview d’Alpha Zayos Ouedraogo, musicien reconnu comme le dernier conservateur et joueur de Noug Baila, arc musical à une corde originaire des Yadecés mossis.
– Afrique.fr : Alpha Zayos Ouedraogo, vous êtes un musicien né au Burkina. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos origines ?
– Alpha Zayos : Né en 1964 à Ouagadougou, capitale de l’ex Haute Volta devenue en 1983 le Burkina Faso, je suis prince, originaire de la grande famille de Bangba Tiembô, initiatrice et protectrice des majestés et des bons savoirs oraux mossis de la cour royale de Bingo, d’Ouahigouya et de Yatenga,
Je suis auteur, compositeur et interprète
– Afrique.fr : Vous êtes connu comme le dernier joueur de Noug Baila. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet instrument très peu connu ? Comment se fait-il que vous soyez aujourd’hui le dernier musicien à en jouer ?
– Alpha Zayos : C’est pendant mon enfance, vers 1973, alors que je n’avais encore que 9 ans que j’ai découvert pour la première fois l’arc musical. Mon père me donna mon premier arc musical : un jouet fait de boîtes de conserve. Il m’apprit alors le premier rythme de l’instrument.
Mon grand-père était à l’époque le dernier conservateur et joueur de Noug Baila. Il avait malheureusement été contraint de fermer son école de musique, faute de moyens. Voyant que je m’intéressais aux savoirs oubliés du Noug Baila, il ordonna à mon père de me faire venir à Ouahigouya pour m’initier à cet instrument. Il m’apprit alors plusieurs techniques de jeu de l’arc musical.
Après cette initiation, je rejoignis ma famille à Ouagadougou et obtint son l’accord pour entreprendre toutes les démarches en vue d’une carrière artistique et musicale avec pour objectif de sauvegarder l’esprit de l’instrument délaissé de mon grand père et valoriser son existence auprès des autres musiciens. Cela a donné lieu à de nombreuses fusions musicales en duos et en solos au contact des musiciens des 66 ethnies vivant ensemble au Burkina Faso.
Ma volonté personnelle a toujours été de faire découvrir le Noug Baïla.
Je me suis déjà fait remarquer par de larges publics Ouagalais et Burkinabé lors de journées de fêtes culturelles, traditionnelles et modernes, organisées régulièrement par le ministère national de la culture et des arts Burkinabé. Cela m’a permis de faire connaître les techniques rythmiques thérapeutiques du Noug Baïla qui ont existé de l’antiquité jusqu’au du Moyen âge. J’ai été diffusé sur divers médias comme la TNB (Télévision Nationale Burkinabé) et les radios publiques et privées.
Je combats pour faire connaître et sauvegarder la connaissance de cet instrument oublié auprès des nouvelles générations du monde entier.
– Afrique.fr : Avez-vous aujourd’hui des élèves qui pourront à leur tour perpétuer la pratique du Noug Baila ?
– Alpha Zayos : Dans les années 2000, j’ai créé au Burkina Faso avec des amis, une association intitulée : « Baïla et les enfants ». Cette association a pour but de valoriser l’esprit du Noug Baïla auprès des enfants, des adolescents et des adultes. Beaucoup ont pu profiter de l’outil informatique pour visionner des vidéos de concerts.
Je souhaite enseigner les rythmes du Noug Baïla et former mes successeurs en accord avec les initiations ancestrales que m’a transmis mon grand-père.
– Afrique.fr : Vous vivez aujourd’hui en France, quel a été votre parcours musical, quelles sont vos inspirations, vos envies ?
– Alpha Zayos : Je vis depuis 2004 au Mans en France où je suis intermittent du spectacle. Je joue ma musique auprès de malades hospitalisés. Je continue aussi à partager mon savoir oral et bienfaisant en donnant des concerts de découverte pour tous types de publics. Je joue aujourd’hui aussi bien en
solo qu’avec un groupe de musiciens d’origine diverses : Burkinabés, Français, Franco-Sénégalais, Africains.
J’ai joué en studio et en live au Burkina Faso depuis 1997 et en France depuis 2004. Je cherche aujourd’hui à produire un disque mais je suis pour le moment à la recherche de moyens financiers.
Ma philosophie est engagée et a un but : apporter un soutien à la tolérance, la paix et la justice pour le progrès de tous les peuples du monde.
Je puise mon inspiration dans les idées bienfaisantes de mes ancêtres Yadecés mossis. Je mélange des styles musicaux variés allant du traditionnel au moderne. Je conçois la musique comme un partage de mes racines avec le reste du monde. Je combats pour que naisse la solidarité universelle entre tous les peuples du monde et renforcer les relations Nord – Sud.
J’essaye d’être entendu sur le maximum de médias culturels, nationaux et internationaux.
– Afrique.fr : A quel(s) style(s) musical(aux) pensez-vous que le Noug Bail est le plus adapté ?
– Alpha Zayos : Je compose sur de nombreux styles musicaux : Afro Warba, Reggae, Soul Liwaga, Blues, Afro Rock, Wiiré et reste ouvert à tous les styles.
– Afrique.fr : Vous avez réalisé cette année un documentaire sur le Noug Baila. Pouvez-vous nous en dire plus ? Par qui est-il produit ? Comment est-il diffusé ? Avez-vous déjà des retours positifs concernant ce film depuis qu’il est diffusé ?
– Alpha Zayos : Oui. Ce documentaire a été réalisé en 2000 au Burkina Faso avec le soutien d’un ami étudiant français, Thibault Gerbaud qui, après avoir constaté mon engagement artistique, a voulu faire un mémoire écrit et vidéo sur ma vie et le Noug Baïla. Ce mémoire a été déposé à l’université de Nanterre (Banlieue Parisienne), mais il est aussi visionnable sur youtube (voir vidéo en bas de cet article) pour faire connaître le Noug Baila à un plus large public.
– Afrique.fr : Quel est votre mot pour la fin ?
– Alpha Zayos : Je cherche des personnes intéressées par mes projets et qui pourraient m’aider à trouver des dates de concerts et à diffuser mes albums.
Pour plus d’info :
Alpha Zayos sur Agakpé : http://www.agakpe.com/alphazayos
Film sur la vie de Alpha Zaoyos (en 6 épisodes)
http://www.youtube.com/watch?v=ErIyODvKK3M&feature=related
Bonjour,
je reprends contact avec toi pour la programmation 2011 de l’association « culture vivante en pays de Sillé ». Comme prévu, nous programmons un concert avec toi dans l’abbaye de champagne (Rouez en Champagne ». Vous y serez plus au chaud! Nous comptons sur vos femmes pour nous aider à composer un repas adapté! Il s’agit d’une soirée repas/concert: les musiciens mangent avec nous au milieu des morceaux.
Il faudrait caler la date du 11 novembre si tu peux…
A très bientôt pour discuter de ça ensemble. Hugues
Bonjour, je n’habite pas très loin du Mans, à Laval pour plus de précision. Après deux séjours en Afrique où nous y avons rencontré de nombreux amis,nous sommes amoureux de la musique, des danses, de la gastronomie….Ton site ci dessus nous plait beaucoup, y a t’il une soirée d’organisée prochainement dans notre région ?
Amicalement.