Créer un cadre de rencontre ou les professionnels du monde de la danse et du spectacle chorégraphique pourront d’avantage échanger mais également aller à la rencontre des populations en les sensibilisant sur cette forme d’art, c’est bien là, le beau challenge que s’est lancé la compagnie Dzidzo Danse Theâtre en initiant le FESTIVAL ASSASSAN. On doit la tenue de ce festival, à son initiateur et Directeur Kouami Francis (Djidjo-Blassou Kouami) danseur Togolais bien connu au pays pour sa témérité et son amour pour la danse. Dans cet entretien accordé à notre rédaction, il nous parle de son festival.
1- Kouami Francis vous êtes danseur et chorégraphe togolais; vous enseignez entre autres les danses Africaines et vous êtes initiateur du Festival Assassan à Lomé. Parler nous un peu de ce projet et le caractère spécial qu’il revêt pour vous ?
Dans le souci de contribuer et de participer à l’émulation de la danse au Togo, nous avons élaboré « ASSASSAN PROJECT » qui regroupe à la fois les « Ateliers Assassan » et le « Festival Assassan ». Le mot Assassan dans notre dialecte signifie « un mélange ». « Assassan Festival » sera donc la plateforme qui représentera le travail chorégraphique des compagnies invitées (à la fois togolaises et d’ailleurs) et dont l’objectif est la transmission de nouvelles approches scéniques et le développement de la scène de la danse au Togo.
2- Ce festival serait-il consacré aux danses Africaines ou contemporaines ? Éclairez nous.
Il s’agit d’un Festival professionnel de danse qui donne une place à toute forme de danse; que ce soit du Hip hop, de la pop, ou de la danse contemporaine et traditionnelle, ou encore du break dance… notre souhait bien entendu étant de présenter des spectacles de qualité! Nous aimerions mettre évidemment la barre très haute, en invitant de grandes compagnies etc., mais nous sommes à notre première édition et sommes très heureux de pouvoir la réaliser et espérer beaucoup, de fructueuses collaborations dans le futur…
3- Il est également question des performances de rue. Est-il important pour vous d’aller à la rencontre de la population ?
Oui cela fait partie de nos objectifs principaux: aller toucher le public, créer le public si possible; échanger avec eux, les écouter, leur parler, passer simplement du temps avec eux. Cela est très important non seulement pour instaurer un dialogue, mais aussi et se faisant, participer aux changements de mentalités et toujours donner une valeur méritée au métier qui est le nôtre.
4- Y-a- t-il eu des performeurs étrangers avec vous lors de cette première édition ?
Au départ, nous avions invité trois compagnies de danses (Belgique, Espagne et France) et une chorégraphe de renom en Belgique pour échanger avec les artistes togolais. Nous avions aussi invités des chorégraphes sur le continent africain. Mais compte tenu, malheureusement, du manque de moyens et de subventions, nous n’avions pas pu avoir tout le monde cette fois-ci. Cependant nous sommes très heureux d’avoir la participation de danseurs Belges et Argentin grâce au soutien du Ministère Flamand de la culture, de l’Association Bold et du Ministère de la culture du Togo au travers le Fond d’Aide à la Culture (FAC). Cela nous a permis d’avoir un atelier de trois jours, où la chorégraphe Cécilia Lisa Eliceche a pu faire un travail de collaboration et d’échanges artistiques avec ses danseurs et des danseurs togolais sur place, autour de sa pièce « Cow’s Théory » et dont la représentation a été faite sur la scène de l’Institut Goethe de Lomé pendant le Festival.
5- Avez-vous l’impression que la danse comme forme d’expression d’art est soutenu par votre pays ?
Je pense qu’il y a des efforts qui se font à ce niveau. Je pense aussi qu’il y a de plus en plus d’enthousiasme et d’initiatives pour le domaine culturel en général, et que l’expression artistique au Togo fera progressivement son chemin vers une reconnaissance sur le plan international. Tel est notre souhaite en tout cas.
6- Lorsqu’on voit les occidentaux s’intéresser à nos danses d’aucuns pensent souvent que c’est juste de l’exotisme ou un effet de mode. Pensez-vous sinon que nos danses Africaines constituent une valeur ajoutée sur les scènes internationales ?
Tout dépend de la définition, de valeur et de la perception que l’on se fait de la danse, sur le plan esthétique mais aussi au niveau du contexte ou du discours que l’on entretien. Une valeur ajoutée, je ne pense pas; je crois plutôt que les danses africaines constituent une expression de notre identité.
7- On a connu dans le monde de la danse au Togo, As Ayigah, Henry Motra, Patrick Alnuzan. Comment vous vous définissez par rapport à ces danseurs et pensez-vous qu’ils vous ont influencé ?
Ce sont des personnes qui ont donné énormément pour la danse au Togo. As Ayigah a fait un travail considérable et remarquable avant de s’installer à Londres mais son travail continu d’avoir des répercussions à ce jour. Quand je faisais mes études, de temps en temps j’allais regarder de loin ses répétions…
Par ailleurs Henry Motra, qui fut un de ses élèves, eu marqué aussi, à sa façon, la danse au Togo, non seulement sur le plan typiquement chorégraphique mais aussi dans la définition de la danse qu’il faisait et la formation de plusieurs danseurs de la génération actuelle.
Par rapport à eux, je me définis tout simplement comme celui qui construit sa route, essayant de participer au mieux au développement de mon pays sur le plan culturel, social ou humain…
8- Dans vos recherches dans ce domaine comment êtes-vous inspirez et comment travaillez-vous les pas de danses ?
Je travaille beaucoup sur mes ressentis et sur des sujets qui me parlent et me touchent personnellement. Cela pourrait être une question sociale, politique, psychologique, intime,… Je regarde beaucoup ce qui se passe autour de moi et m’en inspire pour mon travail. Et puis je m’amuse tout simplement dans l’espace avec moi-même et avec les autres artistes. On découvre des mouvements, on les répète, on l’expérimente… et en fin de compte on est content de pouvoir présenter quelque chose de construit, quelque chose qui corresponde à ce que l’on ressent…
9- Y a-t-il un âge spécifique pour pratiquer la danse selon vous ?
Non, il n’y pas d’âge du tout (rires).
10- Quels sont vos projets à long termes ? Un mot à ‘endroit du public?
ASSASSAN PROJECT …. ASSASSAN PROJECT …… ASSASSAN PROJECT !!!
A long terme, nous souhaiterions vivement que le Projet Assassan puisse continuer à exister sous ses meilleurs jours et que le Festival Assassan puisse faire ses preuves sur le plan national qu’international. Dans ce sens, nous espérons beaucoup de collaborations et de soutiens.
Il très important pour moi de dire un sincère merci au public qui a fait le déplacement pour nous soutenir, pendant lors de la première édition du festival, les 29, 30 Avril au 01 Mai 2015, malgré la situation électorale dans le pays; un grand merci aussi à nos partenaires, aux danseurs et aux chorégraphes pour leur participation.
Pour finir, je voudrais, lancer un appel à toute bonne volonté pouvant nous soutenir dans notre démarche. Tous les apports ou propositions de la part de tous, sont les bienvenues. Nous étudierons tout avec beaucoup d’attention et considération.
> Liens du festival :
https://www.facebook.com/dzidzo.danz?fref=ts
> Lien de l’association Dzidzo Danse:
https://www.facebook.com/dzidzo.danz?fref=ts