Qui n’a pas prit du plaisir en écoutant chanter Art melody, rappeur Burkinabé? Que cela soit sur les arlbum Zound Zandé / la déglingue, Human Project avec sir Jean (Peuple de l’Herbe) , ou sur le désormais célèbre Waga 3000, groupe dont il fait partit avec le rappeur Burkinabé Joey le Soldat et la beatmker Français Dj Form.
C’est dans le cadre la la sortie prochaine de son troisième album que les structures Bordelais Tentacule R et Banzaï Lab ont décidé de réaliser un film documentaire consacré à ce rappeur hors normes. Un appel à contribution à ce projet est lancé sur internet afin d’aider les deux structures partenaires à réaliser ce film documentaire.
>Fo-mê via infos babeldoor/ Art Melody
Mamadou Konkobo alias Art Melody, 32 ans, est un rappeur des ghettos de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Depuis 15 ans, il peaufine son art, affute sa plume au gré de ses rencontres et de ses expériences de vie. Comme beaucoup de jeunes burkinabés, Mamadou a longtemps rêvé de l’Europe, de la France, comme d’un eldorado pouvant l’aider lui et sa famille à «sortir du gouffre» comme il le dit souvent. Alors en 2001, il tente de rejoindre les côtes espagnoles clandestinement. Après un périple de plusieurs mois, traversant la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, le Sénégal et le désert du Sahel, il est arrêté en Algérie, emprisonné avant d’être renvoyé au Burkina Faso.
Depuis 4 ans, Art Melody se produit régulièrement sur des scènes françaises, enregistrant des albums en collaboration avec des artistes français et internationaux. Malgré la reconnaissance artistique du public et des médias en Europe, Mamadou vit toujours modestement dans son quartier avec sa femme, son fils et ses frères dont il a la responsabilité. Pourtant pour beaucoup au Burkina, Art Melody est celui qu’on entend sur RFI, celui qui est parti en France, et donc logiquement celui qui a réussi financièrement , «celui qui ne devrait pas marcher simplement en sandales dans les rues de Ouagadougou».
Mais pour cet artiste indépendant et contestataire, fustigeant de sa voix rocailleuse, en langue Mooré et Dioula les abus du pouvoir, la Françafrique ou certaines traditions africaines qui plombent sa société, l’heure n’est pas au «bling bling» des clips de rap américains. Ainsi portant en lui l’héritage des griots et des chants traditionnels appris avec sa mère d’un côté et l’héritage des chanteurs blues-soul des grands orchestres de la Haute-Volta des années 60-70 de l’autre, il est aujourd’hui devenu un artiste-citoyen qui veut dire la vérité «même si elle pique les yeux, c’est toujours mieux que d’être aveugle». Un combat sans retour pour celui dont le premier jour à l’école correspond à la date de l’assassinat du président Thomas Sankara, l’homme qui donna son nom et sa vie au Burkina Faso.
Note d’intention de l’association Tentacule R:
Faire un documentaire sur Art Melody pendant la création et l’enregistrement de son nouvel album permettra de proposer un regard sensible, social et esthétique à fois sur l’artiste mais aussi sur l’homme. Le documentaire sera d’abord tourné au Burkina Faso, et plus précisément à Ouagadougou, dans le quartier où vit Art Melody au milieu des siens (Amis et familles) mais aussi en Studio pour l’enregistrement de son nouvel album. Puis nous suivrons Art Melody en France lors des concerts et des ateliers qu’ils proposent pour faire découvrir aux plus jeunes son art et sa culture.
Je connais bien Art Melody, depuis notre rencontre surprise dans les rues de Ouagadougou, pendant les repérages de mon documentaire «Tamani» il y a quatre ans et dans lequel je lui consacrais un rapide portrait, notre relation s’est épaissie devenant tour à tour intime et professionnelle, me permettant ainsi de prendre la mesure de l’homme Mamadou Konkobo et de l’artiste Art Melody.
C’est d’abord sa voix, l’émotion qu’elle dégage en moi et le message qu’elle véhicule qui m’a donné envi de mieux connaître Art Melody. Puissante, profonde et tellement blues, sa technique se nourrit à la fois des chants traditionnels Mossi appris tout petit avec sa mère griote que des improvisations du Hip Hop de son adolescence dans les rues d’Abidjan ou de Ouagadougou.
Ce que je trouve aussi intéressant chez Art Melody, et qui me rappelle encore une fois la musique blues, c’est cette solitude, d’abord forcée, qui l’a amené très tôt à se débrouiller tout seul pour trouver quelques pièces pour manger au jour le jour mais qui l’a conduit aussi à se créer un univers artistique fort et personnel.
«Le matin, je me lève vers 6 heures et je vais courir pendant 1 heure, puis je vais au Grand Marché de Ouaga. Là je me pose et j’observe les gens. Ce sont pendant ces 2 moments que me viennent souvent l’inspiration. La course me donne le rythme et les ambiances du marché me donnent la mélodie. Il rajoute «Souvent le texte arrive tout à coup comme une image ou une peinture, comme si c’était dans ma tête depuis toujours.»
Enfin je dirai que ce qui me touche chez Art Melody, c’est ce courage à dire les choses.
Cette notion d’artiste engagé et sans concession est quelque chose que je veux montrer car elle permet aussi de comprendre comment au delà de la répression, des individus trouvent le moyen de dépasser leur condition et de se battre pour le bien commun. «La solution, c’est l’éducation. C’est le seul moyen pour que le peuple burkinabé soit un jour entendu.»
Voilà tous les thèmes qui seront abordés dans ce documentaire à travers le portrait de cet artiste africain hors du commun.
Note d’intention du label Banzaï Lab:
Nous avons découvert Art Melody au printemps 2010, lorsqu’une amie nous a parlé de ce rappeur Burkinabé, en France pour sa 1ère tournée en hexagone. Curieux, nous sommes allés écouter son myspace et nous avons été enthousiasmé par son style et sa voix. Nous préparions la programmation de notre scène «officielle» de la fête de la musique à Bordeaux (Banzaï Lab co-organise avec la mairie de Bordeaux la fête de la musique depuis 4 ans) et avons pris la décision de le faire jouer. Nous ne l’avons jamais regretté ! Lorsque nous l’avons vu sur scène nous avons été subjugué par sa présence, son charisme, sa voix, son énergie…
L’association bordelaise Tentacule R qui travaille depuis 4 ans avec Art Melody autour de la réalisation de ses albums nous a dit qu’elle cherchait un label pour co-produire et distribuer son 2nd album «Zound Zandé», nous avons dit oui tout de suite!
Le Hip Hop africain est en développement depuis pas mal d’années. A l’exception de quelques artistes, le rap africain nous semblait trop souvent calqué sur les rappeurs américains, tant par le style, le son ou les paroles. Art Melody est différent. Son flow n’appartient qu’à lui, entre chant traditionnel africain, ragga et rap. Sa voix est puissante et chaleureuse et les thèmes qu’il aborde sont loin, très loin du rap bling bling. Ses textes reflètent la réalité d’une jeunesse africaine qui souffre mais qui a foi en l’avenir. Une jeunesse ouverte sur le monde et la culture occidentale, mais qui sait y intégrer sa forte personnalité.
C’est aussi en passant du temps avec lui que nous avons appris à connaître un homme fier et droit, conscient et engagé, humble et ouvert.
Aujourd’hui nous souhaitons donc nous investir dans la co-production de son 3ème album et du documentaire qui l’accompagne car nous croyons en cet artiste. Mais dans le contexte actuel de la chute vertigineuse des ventes de disques, il devient quasiment impossible pour un label indépendant de rentabiliser la production d’un tel projet. Produire un disque coûte cher, et ce encore plus lorsqu’il faut enregistrer un artiste étranger.
L’idée de vous proposer de participer la production de ce projet nous semble intéressante car elle découle d’une réflexion citoyenne de notre part, ainsi que des différents acteurs qui soutiennent ce projet. Nous aider à le concrétiser c’est aider cet artiste à pouvoir continuer à représenter «la voix des sans voix», à travers son art et sa musique.
Vous aussi devenez coproducteur du film documentaire sur Art Melody en cliquant sur ce lien: http://www.babeldoor.com/realisation-du-documentaire-sur-le-rappeur-art-melody
ou cliquer sur l’annonce à la page d’accueil du site www.agakpe.com