Ces derniers temps au Burundi, ce petit pays au cœur de l’Afrique, les mélomanes avertis se sont rendu compte que derrière chaque clip vidéo de bonne qualité produit au Burundi se cache une signature difficile à déchiffrer: «…J M N’diho et Netty Communications présentent…». Curieux de nature j’ai voulu savoir ce qui se cache derrière cette étrange signature et je découvris qu’il y avait un homme, Jean Marie Ndihokubwayo qui n’est autre que le réalisateur de “Taxi-Love” le film qui a remporté le prix de la meilleure œuvre burundaise au FESTICAB 2010. Comme quoi le succès de ses œuvres au pays ne suffisait pas, il vient de réaliser un documentaire sur le Burundi (« Burundi cœur d’Afrique ») qui fait le bonheur de plusieurs internautes du monde entier en ce moment. Ce documentaire présente le Burundi dans sa splendeur, un Burundi inhabituel, un Burundi si beau, un Burundi tellement resplendissant que quand mes amis italiens l’ont vu n’ont pas su se retenir. Après 7:30minutes d’attention ils se sont tous exclamé en chœur: «Che bello! comment as-tu pu quitté un si beau pays?». Tellement Jean Marie Ndihokubwayo a su capter les meilleurs endroits, la nature, la lumière, de mon pauvre mais beau petit pays le Burundi que mes amis, étaient prêts à l’échanger contre le leur si beau pourtant et si riche. A ce moment je me suis rendu compte combien avec ce documentaire Jean Marie Ndihokubwayo a su dire tout ce qu’il y’avait à dire et surtout transmettre à mes amis ce que je n’ai pas pu faire pendant des longues années de cohabitation en Italie. Pourtant jusqu’alors, j’étais convaincu d’avoir tout fait durant ces longues années, pour leur faire comprendre combien «il est beau mon pays».
Le documentaire « Burundi cœur d’Afrique »:
Après cette défaite heureuse que j’ai accepté bien volontiers, je me suis mis à la recherche de ce « J M N’diho » pour une connaissance approfondie et découvris sans grande surprise qu’après ce succès il ne s’est pas arrêté là. En effet tout juste après sa participation au Fespaco, il vient de se présenter encore une fois au Festicab 2011 avec sa nouvelle fatigue «le rencard», un autre court métrage de qualité qui dénonce le comportement de certains hommes mariés qui ont la mauvaise habitude et des astuces ingénieuses pour tromper leurs femmes avec des mineures. Mais quand on a déjà gagné l’année dernière le prix de la meilleure œuvre burundaise au FESTICAB 2010, qu’espère-t-on remporter de plus cett’ année? Veut -il tout simplement battre son propre record? Je lui ai posé la question.
Adolphe B.: Qui est l’homme derrière plusieurs clips-vidéo de succès et surtout qui est l’homme derrière ce beau documentaire sur le Burundi? Présentez vous aux lecteurs de www.afrique.fr
Jean Marie Ndihokubwayo: Assez brièvement je dirais que je suis un réalisateur-producteur burundais et directeur de Netty Communications. Je suis dans ce métier depuis plus de sept ans déjà.
Adolphe B.: Qu’est ce que «Netty Communications»? Depuis quand existe Netty-Communications? Quels sont ses buts, ses fonctions, ses réalisations jusqu’ici….?
Jean Marie Ndihokubwayo: Netty Communications est une agence de communication spécialisée dans la production audiovisuelle que j’ai créée vers la fin de 2009. Le principal atout de Netty est celui de moderniser la production audiovisuelle locale en lui insufflant un souffle nouveau: des équipements modernes de tournage, de postproduction et une équipe de jeunes dynamiques. Netty est là pour booster la qualité technique et artistique des œuvres audiovisuelles du Burundi. Notre rêve est qu’aucun réalisateur ne soit limité techniquement dans ses créations.
Adolphe B.: Pourquoi « Netty »? Qu’est ce que ça signifie?
Jean Marie Ndihokubwayo: Netty est un diminutif du surnom qu’on donnait à mon feu père « MARINETTY ». C’est pour lui rendre hommage.
Adolphe B.: Là où il est, il doit être sûrement très fier de vous. Comment devient on réalisateur de succès dans un pays ou la formation en matière cinéma est inexistante? Quel a été votre parcours dans ce métier?
Jean Marie Ndihokubwayo: Après mon bac en lettres modernes au Lycée du saint Esprit, je me suis retrouvé à l’Université Lumière de Bujumbura dans la Faculté des Sciences de la Communication, option Conception Audiovisuelle. Je réalise mon premier film en 2004 comme travail de fin d’étude. Juste après, j’entame ma carrière professionnelle comme journaliste à la radio CCIB FM+, puis à l’Unité Radio ONUB. C’est à la fin de 2005 que je reviens à ma passion: la production audiovisuelle. Je réalise dès lors plusieurs publicités, des clips musicaux, des captations de concerts live, des documentaires, et tout récemment, des courts métrages de fiction dont « Taxi love» et «Le rencard».
Adolphe B.: Comment est né le projet du documentaire « Burundi coeur d’Afrique »? Parlez-nous-en.
Jean Marie Ndihokubwayo: L’idée originale appartient à l’Office National du Tourisme en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le Développement au Burundi dans le souci de promouvoir le tourisme. C’est à notre équipe qu’ont été confié la production et la réalisation. ça a été une expérience exceptionnelle et surtout un honneur de pouvoir présenter ce beau pays au monde entier. Le Burundi a tellement de potentialités que j’ai eu du mal à les présenter dans un film aussi court.
Adolphe B.: Pour ce qui est des clips vidéo que vous réalisez qui décide les lieux, le scenario du Clip? Vous ou les artistes chanteurs auteurs de la chanson du clips?
Jean Marie Ndihokubwayo: Pour la réalisation des clips, l’artiste chanteur m’expose d’abord ses idées. Ensuite, je les adapte et les traduis en images. Le plus dur est de toujours chercher à minimiser le coût de production. Heureusement je travaille souvent avec les meilleurs comme Steven Sogo ou Appollinaire Habonimana qui savent quel message essentiel de la chanson à faire passer.
Adolphe B.: Parlez nous de votre dernière fatigue «le rencard». De quoi s’agit-il
Jean Marie Ndihokubwayo: «Le rencard» est un court métrage de 7 min qui dénonce le comportement des hommes qui trompent leurs femmes et détournent les mineures. Pour se rendre à un rencard avec une mineure, le héro du film a une astuce ingénieuse d’abandonner son véhicule sur un parking et prend un taxi. Mais comme on dit chez nous, les jours d’un voleur sont comptés. Il se fait coincer. Mais par qui? (à découvrir)…
Adolphe B.: Où a été tourné «le rencard»? Le lieu a-t-il été choisi au hasard ou bien c’est un lieu lié réellement en quelque sorte à ce genre de «rencard»?
Jean Marie Ndihokubwayo: Le film a été tourné à Bujumbura, au centre ville et dans le quartier de Nyakabiga. Il faut savoir que le gros de l’histoire se déroule dans un taxi.
Adolphe B.: Ce genre de rencard dont il est question dans votre film est il si fréquent au Burundi? Pourquoi n’avez-vous pas choisi de relater un rencard normal entre deux adultes?
Jean Marie Ndihokubwayo: Le détournement des mineures est une réalité au Burundi. Les hommes prétendent que cela les rajeunit. C’est fou ce que certains hommes (riches) sont prêts à tout pour coucher avec des mineures. Donc, j’essai d’attirer l’attention sur un problème que l’on n’évoque pas souvent.
Adolphe B.: Après avoir déjà gagné le prix de la meilleur œuvre burundaise l’année passée au festicab avec «Taxi love» qu’espérez vous gagner de plus cett’ année avec «le rencard»? Juste le plaisir de battre votre propre record?
Jean Marie Ndihokubwayo: Le plus important pour moi c’est de participer. Le festival est une occasion de rencontre et d’échange. Battre mon propre record, pourquoi pas! Mais aussi, je veux me mesurer avec les autres réalisateurs africains dans la catégorie internationale.

Jean Marie Ndihokubwayo recevant la trophée de la meilleure oeuvre burundaise ("Taxi Love") au FESTICAB 2010.
Adolphe B.: Tous vos œuvres que ça soit des clips vidéo ou des courts métrages sont de courte durée. A quand un long métrage signé J M N’diho?
Jean Marie Ndihokubwayo: C’est dans mes projets d’avenir. Mais le plus grand souci est le financement puisque les longs métrages coûtent extrêmement chers. Pour tous ces films de création, nous n’avons aucun soutien jusqu’à maintenant.
Adolphe B.: Réaliser des films demande de gros moyens financiers difficiles à récupérer par la vente des oeuvres vu le pouvoir d’achat des burundais très faible. Comment faites vous pour continuer à réaliser des films? Le cinéma burundais n’est il pas voué à l’échec puisqu’il ne produit pas des revenus?
Jean Marie Ndihokubwayo: C’est un problème très sérieux. Dans notre pays il n’existe aucun circuit de distribution. Ce n’est pas tellement que les burundais n’ont pas un pouvoir d’achat, c’est à nous de nous organiser, de nous adapter et produire pour la sous région par exemple. Ailleurs ce sont les salles, la télévision qui font les grandes recettes du film et enfin le dvd. Dans un pays comme le nôtre où c’est plus ou moins 2% de la population qui a accès à l’électricité, il faut repenser la façon de distribuer nos films.
Adolphe B.: Est-ce que vous vivez de votre métier de réalisateur? Si non quels remèdes pourriez vous proposer pour améliorer ce secteur afin de faire vivre tous les intervenants a (réalisateur, acteur, auteur, producteur..) de leur art? De quoi ont besoin les cinéastes burundais?
Jean Marie Ndihokubwayo: Jusqu’à maintenant on ne vit que des films de commande. On n’a aucune recette sur nos films de création. Tout ce dont on a besoin pour commencer c’est le soutien à la création de la part du gouvernement et d’autres institutions. Ensuite, il faudrait qu’on parvienne à protéger nos œuvres contre la piraterie. Personne ne pourra investir dans un secteur qui n’est pas protégé.
Adolphe B.: Comment faire pour se procurer de vos œuvres? Sont ils disponible sur le marché?
Jean Marie Ndihokubwayo: Aujourd’hui il est difficile de se procurer de nos œuvres parce qu’ils ne sont en vente nulle part. Nos films ne se trouvent que dans les vidéothèques des festivals. Mais, j’ai un projet de collectionner dans un seul dvd les courts métrages burundais qui sera sur le marché très prochainement.
Adolphe B.: Projets pour l’avenir? Un oscar, la palme d’or c’est pour quand?
Jean Marie Ndihokubwayo: Mon projet d’avenir est un documentaire long métrage sur la condition de la femme rurale burundaise. Ces femmes très courageuses qui se lèvent avant le lever du soleil pour partir aux champs, rentrent au crépuscule avec un fagot de bois sur la tête et le bébé au dos, … et se couchent après tous les autres. Je veux rendre hommage à ces femmes qui se battent pour la survie alors que la terre ne cesse de se dégrader à cause de l’érosion,…Je suis dans la phase de recherche et écriture, j’espère le tourner au mois d’octobre.
Adolphe B.: Merci pour l’entretien
Jean Marie Ndihokubwayo: C’est moi qui vous remercie.
Propos recueillis pas Adolphe BIREHANISENGE.
http://twitter.com/#!/Adolpheb
A lire aussi:
http://www.afrique.fr/culturel/burundi-quand-taxi-velo-devient-taxi-love%E2%80%A6/
Quelques clips vidéos réalisés par Jean Marie Ndihokubwayo:
i am so glad i at leat had a shooting with you!you are a real professional person!!!
Salut mon cher ami
Je m’appelle Wilson Carole, j’ai 28 ans et je vis au Canada particulièrement à Ottawa. Je suis célibataire sans enfant ! Je suis dans le domaine de la santé, j’ai eu ton adresse mail sur un site de correspondance, mon plus grand désir est de faire des connaissances et partager mes plaisirs avec d’autres car je préfère correspondre avec des personnes, Notamment ceux de l’Afrique car j’ai une préférence particulière pour ces pays et de plus je crois bien que j’aurai l’occasion de visiter un jour l’Afrique . Et toi je peux savoir des choses sur toi ? Si oui Alors dis moi tu fais quoi dans la vie ? Tu as quel age ? Tu es de quel nation et décris toi un peu pour moi ?
Je voudrais correspondre avec toi si possible être ensemble avec toi un beau jour. Merci mon cher, je serai ravie de te lire dans mon mail que je consulte le plus souvent
Émail : wilsoncarole86@yahoo.fr
Wilson Carole Infirmière en Imagerie médicale
Assistante d’organisation à ACP
J’ai apprécié la façon et la philosophie de travail de JM. Je suis moi-même réalisateur en RDCongo et connaissant les problèmes matériels que nous avons, j’ai été très surpris de remarquer que par des méthodes simples, sans des finances exagérées. je pense que la philosophie que possède JM devrait être celle de tous les réalisateurs, c’est-à-dire par l’audiovisuel transmettre le message de sa société au monde. Ainsi, permettre le dialogue interculturel.