Adidogomé, quartier situé dans la banlieue Nord-ouest de Lomé.
On y observe tout un engouement autour d’un Centre nouvellement installé.
Mytro Nunya, ‘Changer les mentalités’ dans la langue mina, en plus d’être un centre culturel de promotion des arts et de la culture, propose une dynamique responsable et militante, autour de l’engagement citoyen, de l’information et autres alternatives et indépendantes, de la solidarité internationale et de l’agro-écologie. Le centre séduit artistes, activistes, et un public de plus en plus nombreux, qui investissent ce lieu au quotidien…
Par Fo-Mê Videha
Arts et cultures militent pour changer les mentalités au Centre Culturel Mytro Nunya. Le lieu affiche une belle vitalité, après à peine six mois d’existence et un défilé incessant d’artistes, d’acteurs culturels, de paysans et de jeunes qui viennent monter ensemble des projets originaux, travailler un spectacle, échanger des idées, ou faire pousser quelques laitues…
Le rêve a finalement prit forme après quelques travaux, initiés par un couple franco-togolais, avec la présence efficace d’artistes volontaires sur le chantier qui venaient donner leur coup de main, pour ramasser du sable, chercher du fumier pour le jardin urbain, finir les peintures, ou élaborer ensemble les plans de création, et le programme des activités à venir. « Au-delà des nombreuses rencontres à l’occasion des festivals ou des forums sociaux, en Afrique et ailleurs, nous ne voulons plus nous contenter seulement de critiques et d’interminables débats intellectuels. Il est essentiel pour nous de poser des actes concrets : c’est ainsi qu’est née cette idée de créer un centre de recherche et d’information sur les alternatives, qui va militer pour matérialiser cet autre monde possible dont nous parlons tant, notamment avec l’apport de la culture et des arts ! » s’enthousiasme Zoul l’un des responsables du centre, et également co-initiateur d’un forum social itinérant Europe/Afrique : « L’ Étrange Rencontre ».
Encourager les acteurs engagés, conscients. Partager le grain à moudre.
« Nous mettons l’accent sur l’accompagnement des acteurs culturels et des jeunes, en particulier ceux qui ont vraiment des choses à dire. Le Togo est plein de talents qui ne demandent qu’à émerger et à s’épanouir. Ils recherchent du soutien, en particulier financier. Nous leur disons : on a pas d’argent, mais on peut faire des choses ensemble ici et maintenant. On s’assoit et imagine ce qu’on peut faire malgré la situation. Cela nous donne du courage. On mobilise nos réseaux d’amis, et on progresse petit à petit. On partage nos bouquins, notre jardin, on ouvre la maison aux voisins du quartier. C’est simple, et ça marche ! » Continue-t-il, jovial, mais sérieux. L’initiative doit être encouragée, car le secteur culturel au Togo semble pour certains à l’abandon, et il apparait urgent d’encourager la formation des artistes à la base. « Ce que nous sommes en train de faire en ce moment, c’est ça notre richesse » déclarait Joseph Tapsoba, dit « Chocho », réalisateur et acteur de film Burkinabé faisant justement allusion à l’importance de la formation. C’était à l’occasion d’un atelier d’une semaine autour du Kino, une forme originale de production cinématographique, dont est sorti un court-métrage amusant !
Les moments de partage d’expériences concrètes, comme sur la gestion d’évènements culturels, pendant les minis-ateliers qu’organisent souvent le centre sont très appréciés des artistes et professionnels des arts qui profitent pour en tirer des astuces pour enrichir leurs carrières.
Le Centre Mytro Nunya initie aussi des formations sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, notamment l’animation de sites web, et l’usage des réseaux sociaux.
Dirigée par l’association du même nom, où se rencontrent artistes, militants, étudiants, promoteurs culturels et acteurs de la société civile, il dispose d’une médiathèque originale. Avec plus de 300 ouvrages de sciences politiques, sur l’histoire de l’Afrique et du Togo, c’est une véritable bibliothèque « d’émancipation » avec par exemple de nombreux ouvrages du CADTM (Collectif pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde), de l’association Survie de François-Xavier Verschave qui a beaucoup écrit sur la Françafrique, mais aussi des œuvres monumentales de Césaire, de Fanon, et même des histoires zapatistes ! Des livres pas toujours faciles à trouver ailleurs, qui viennent enrichir, inspirer et compléter le travail des artistes.
Le centre abrite aussi des expositions. Dans la cour, un petit podium tient lieu de scène où s’improvise les spectacles,. Un espace réservé au fond de la cour a vu un tas d’ordure se transformer en jardin urbain où naissent des salades, des poivrons, des tomates, des piments, qui permettent de lancer la discussion autour de l’agriculture, de l’alimentation, de la mondialisation et de la folie du monde. On commence alors à parler des réponses possibles : de l’agro-écologie, des alternatives énergétiques, de la santé traditionnelle, du tourisme solidaire… Et on s’y met !
Faire ensemble ce qu’on peut, avec les moyens qu’on a. Même quand on a rien ? C’est possible !
Depuis son ouverture, le centre est fier d’avoir organisé de nombreux événements grâce à l’implication totale de tout-un-chacun, et en particulier de nombreux artistes.
En effet, la plupart des activités sont auto-financées, voir pas financées du tout ! Voilà un centre qui affirme donc n’avoir ni soutiens, ni partenaires financiers ! Les uns et les autres, porteurs de projets, sont donc mis à contribution : chacun essayant de participer au mieux à l’esprit d’échange et de partage. En six mois, on pourrait presque avoir du mal à y croire, voyez plutôt :
La musique à l’honneur lors des grandes nuits africaines, chaque mois, consacrées aussi bien à Fela Kuti, en présence d’un DJ espagnol, qu’au Rap et au Reggae, avec Kezita, Afein Clan, et bien d’autres, qu’à l’afro-jazz, avec des groupes qui montent à Lomé, et qui répètent justement au centre : les immenses « Ablafo », qui viennent de sortir leur premier album, qui est une petite bombe, ou encore « Adido Jazz Tradition », devenu depuis peu l’orchestre officiel du lieu !
Des installations artistiques, des projets photographiques, comme cette séries de photos réalisées dans les jardins maraichers du centre sous la supervision de Guillaume Corentin, architecte et plasticien un peu fou, de l’association « Le monde à rếver » venu de France pour une carte blanche de quinze jours.
Une autre résidence d’artistes plasticiens tenu en juin dernier a donné lieu à une exposition itinérante rassemblant des créations originales d’Ekouagou, Confitéor, Joeey K., Antoine Dogbevi, et Djeny Djella, artiste chanteuse, qui s’initie à cette discipline aux côtés du plus fameux des rockers togolais : Jimy Hope. L’organisation, sur une idée originale des jeunes du quartier, de la première édition du festival « Emomé » dédié aux arts et jeux de la rue en juillet dernier, a connu une grande participation des acteurs du Hip Hop mais aussi d’autres professionnels des arts.
Début septembre se tenait le 2e Festival de Théâtre et de perfectionnement Artistique (AREPA), qui a réuni pendant trois jours, quatre compagnies et groupes théâtrales qui se sont formés aux techniques du Théâtre Contemporain sous la houlette de Sanvee Béno-Alouwassio et d’Emmanuel Tomi. En octobre, ce sera au tour du FITAP (Festival International de Théâtre et des Arts Plastiques) dans sa sixième édition de faire un détour par Adidogomé…
De nombreuses associations échangent aussi leurs savoirs : tel le CREAT (Centre de Recherche, d’Etude et d’Appui Technique) qui a organisé une séance de sensibilisation des acteurs de la société civile sur les opportunités offertes par le nouveau Programme National d’Investissement Agricole et de Sécurité Alimentaire, du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche du Togo. Un évènement qui a énormément réjouit la population environnante et principalement les membres du club agro -écologie du centre qui compte relayer les connaissances acquises vers les autres couches de la population. Un partenariat pour la promotion de l’agriculture bio est déjà lancé avec le GJED (Groupement des Jeunes pour l’Entraide et le Développement) , dirigé depuis 1989 par Komla Foly, un des meilleurs et plus reconnus des acteurs africains du domaine… Une première foire Bio se tiendra au cours du mois de septembre et des partenariats sont en discussion avec le monde paysan, et les groupements maraichers dans tout le pays, avec l’appui du MAPTO (Mouvement Alliance Paysanne du Togo).
Curieux d’accéder à peu de frais, et dans leur quartier, à cette fenêtre ouverte sur les arts et le monde, les habitants du quartier sont parfois un peu secoués par ce tourbillon d’activités qu’ils découvrent. C’est donc avec joie qu’ils se ressourcent dans la fraicheur du petit bar convivial qui propose déjà « du bon sodabi de Kouvé », et permet d’étancher sa soif. On y fait là encore la promotion des produits bio, et des boissons locales lors des événements, même si le patron sert un peu à regret parfois les bouteilles de la brasserie BB « qui enrichissent le capitalisme français ! ». C’est également le lieu où continuent souvent les débats, où se réalisent des rencontres originales, et où se préparent les prochains rendez-vous…
Justement, l’événement de la rentrée, c’est cette exposition des travaux remarquables de bande dessiné « Observes – élections présidentielles Togo 2010 » de l’artiste toulousain « Souing » présent au Togo lors des dernières élections. Une BD alternative, un travail artistique, qui stimule nos imaginaires et nous pousse à réfléchir sur la réalité togolaise, vue entre autres par des artistes rappeurs dont Fo-Mê (l’auteur de cet article) du groupe Dzokukay, ou Elom 20ce d’Asrafo Tribu. En Octobre, c’est le théâtre pour la transformation qui sera à l’honneur . On célébrera aussi Thomas Sankara .le 15 octobre, anniversaire de son assassinat. L’évènement sera ponctué par des projections de film, un grand concert live, et des témoignages en présence de nombreux invités et témoins burkinabés.
Enfin, la soirée militante Hip Hop Arctivism Chapitre 7 qu’organise Asrafo Records, avec chaque mois plus de succès se tiendra le 30 octobre. Plus loin, en novembre, le centre s’apprête à accueillir une partie des activités de la Foire AlimenTerre organisée par OADEL (Organisation d’Appui à la Démocratie et au Développement Local)
Penser et agir autrement, n’est ce pas un bon début pour inventer un lendemain meilleur pour l’Afrique ? En tout cas, les actions menées ici par le Centre Mytro Nunya nous y encouragent. Pourvu que ça dure.
Contact et agenda sur le web : www.mytronunya.info ou par téléphone : 00 228 081 25 38.
Source : Artisttik mag n°16/ www.artisttikafrica.com
Bonsoir,
Je suis un admirateur malgache de ce centre et continue à vous suivre à distance grâce à ce site très bien travaillé.
Je vous serai reconnaissant si vous pourriez me donner les contacts de Mr Kodjo Cyriaque Nossouglou et Mme Radostina Alexandrova qui sont tous les deux très actifs dans le domaine culturel et développement?
Mes meilleures salutations!
A bientôt
Rasamoelina
bonjour
nous sommes une association culturelle de 4 pays ( Bénin; maroc, Algérie et france) nous déjà organisés des tournée d’échange culturelle international , au bénin, au maroc,, en algérie et france, cette année 2011 , c’est-àare entre le 10 juillet 2011 au 10 août 2011, nous aimairions organisé une tournée d’échange culturelle au togo;
a cet éffet, nous recherhons un groupe d’artiste pouvant nous acceuillir, et des lieux de spectacle à travers tout le TOGO
nos spectacles presentent: danse, théartre et musique ; on les donne le plus souvent gratuitement aux populations.
Pour ce faire, nous recherchons des contacts au togo et nous pourons efectué un prémier voyage sur ce pays dans ce mois de juin pour préparer le terrain:
contactez nous au :
00229 97 48 76 16
00229 97 30 77 59
site:www.gogohoun.com
Bonjour, je suis de nationalité togolaise vivant a paris et j aimerais avoir quelques renseignements aupres Mlle Alexandrova Radostina. Ainsi si vous pouvez bien me communiquer son e-mail ou son numéro de téléphone pour que je puisse la contacter directement.
Merci de votre compréhension .
Mlle Issifou
Merci pour vos divers commentaires…
Si vous avez des demandes personnelles à formuler à l’endroit du directeur du Centre mytro Nunya vous pouvez le contacter directement sur son téléphone mobile :+2008 91 81 25 38 ou sur http://www.facebook.com/zoulstory
Merci à vous
Fo-mê