Parmi les grands artistes des années d’or de la musique moderne burundaise (les années 80), il ya le chanteur bien connu dans les rues de Nyakabiga et au campus Mutanga à Bujumbura, Prosper Burikukiye alias Bahaga. Bahaga fait partie des grands de la scène burundaise qui ont donné une énorme contribution à la culture burundaise. A l’époque de son ascension vers le succès il remplissait les stades de mélomanes non seulement dans son Burundi natal, mais aussi à Kigali au Rwanda. Nombreux sont des ballades et hits de l’époque qu’il a légué aux générations futures et qui resteront inoubliables à jamais.
En vrai nationaliste, ses textes engagés en kirundi profond font allusion à l’histoire douloureuse du Burundi. En effet avec un nom pareil («Burikukiye» signifie «le Burundi devient indépendant» en kirundi) il ne pouvait être autrement! Sa carrière musicale fut beaucoup qu’une simple combinaison de sons d’une manière agréable à l’oreille, c’était une mission. Il chante l’amour, l’amitié d’une manière particulière tout en situant ses contes dans un contexte sociopolitique, temporel et historique bien précis («…haduka abadage, hanyuma ababiligi….baza baducura bufuni na buhoro…»). Dans ses chansons le kirundi et le Burundi sont à l’honneur. Bref plus que d’un simple chanteur, on avait l’impression de se trouver devant un historien ou un politologue qui fait le bilan du 20iéme siècle («ikinjana ca mirongw’ibiri»).
Hélas depuis le dernier conflit qui a débuté en 1993, les mélomanes burundais ont perdu ses traces. Nous l’avons retrouvé récemment aux Pays-Bas où il réside en ce moment.
Après plusieurs années de silence et d’absence de son pays Bahaga a accepté de nous livrer une interview exclusive. Difficile à croire mais lors d’une première tentative d’interview (qui a d’ailleurs échoué), malgré qu’il nous ait dit qu’ il appréciait notre travail pour la promotion de la culture du pays qu’il adore tant, il nous a revelé qu’il ne donnait plus d’interviews tout simplement parce qu’il estimait qu’il n avait pas beaucoup de choses à dire. Une modestie désarmante. Bien évidement nous ne sommes de son avis. Voici la preuve.
Adolphe B.: C’est un grand honneur de vous rencontrer. Merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. S’il vous plait présentez vous aux lecteurs de www.afrique.fr qui ne vous connaissent pas encore.
Bahaga: Je m’appelle Burikukiye Prosper Magloire Christian Martial, autrefois connu sous mon nom de scène Bahaga.
Adolphe B.: «Burikukiye» un nom significatif et lourd à porter vous ne trouvez pas?
Bahaga: «Des noms et des hommes», un joli bouquin de Philippe Ntahombaye démontre qu’au Burundi tous les noms ont une signification. Et moi étant né la veille du premier anniversaire de l’indépendance du Burundi, mon père qui était un homme politique m’a donné ce joli nom lourd de toute une histoire d’une nation. Pour revenir à votre question, je ne pense pas à mon nom chaque fois que je me réveille, donc il n est pas plus lourd à porter qu’un autre nom. On se sent fier d’être né à cette époque des indépendances. Cela devait être une période de liesse générale pour que les burundais donnent ce nom à leurs nouveau-nés.
Adolphe B.: D’où vient votre nom d’artiste «Bahaga»? Pourquoi Bahaga?
Bahaga: Ce nom vient du premier roi du Burundi, Ruhaga qui a donné au Burundi les frontières que nous lui connaissons aujourd’hui. C est Ruhaga qui a réuni toutes les principautés de l’époque pour former ce que l’on connait comme le Burundi aujourd’hui. Les descendants de Ruhaga s’appellent «abahaga». Donc Bahaga c était l’autre nom pour tout mon groupe Ntahangwa Riva, (izuba riva, Ruhaga ntahangwa riva, ntawamwihanga izuba riva…) les fans de l’époque ont voulu le prendre pour Ntahangwa River, la rivière qui nous avait vu grandir, parce qu’ étant de Nyakabiga. Donc les «Bahaga» étaient les descendants du roi Ruhaga.
Adolphe B.: Très significatif! Comment êtes vous tombé dans le monde de la musique? Qui vous a inspiré?
Bahaga: Je ne suis pas tombé dans une marmite de potion musicale quand je suis né. Je jouais au football avec les copains quand j’étais petit. Dés que je suis rentré au secondaire au Collège du Saint Esprit c’était au moment où le groupe «Amabano» de Niki Dave ( Nikiza David ) qui s’appelait à l’époque «Explorers», rentrait de leur exil kenyan. Apres avoir assisté à leur concert, plus rien n’était comme auparavant. C’était fini avec le foot. Non pas parce que je n’aimais plus le foot mais tout simplement parce que j’en avais marre de recevoir toujours les crampons des godillots dans le tibia. Avec la musique je trouvais une occupation ou un hobby qui était plus pacifique. Ceci étant il faut aussi dire que déjà à l’Ecole Primaire Catholique Saint Michel, je chantais beaucoup de chansons de l’époque, des françaises, des chansons en kirundi, en swahili, en kinyarwanda. En plus il faut savoir que ma première année sur le banc de l’école 1968 correspond au début des années folles comme on les appelait , mai 68, années yeye, les années Peace and Love. L’unique radio du pays qu’on écoutait diffusait beaucoup les chansons hippies, ainsi on écoutait Johny Halliday, Sheila, déjà, les Beatles, Sylvie Vartan…et les grands qui portaient tous des coiffures afro, des pantalons pattes d’éléphant…donc j’ai gardé un bon souvenir de tout cela et je crois que la musique était un départ pour me recréer ce monde là.
Adolphe B.: Votre dernier album de chansons inédit date de 1991. A quand un nouveau chef-d’œuvre inédit signé Bahaga?
Bahaga: Vraiment je ne sais pas, cela peut être demain comme ça pourrait être dans 10 ans. Vous savez la musique, l’art en général c’est une histoire de rencontre. Dès que l’on se sent dans le «mood», cela vient tout seul. Je fais toujours la musique mais je n’ai plus senti le besoin de produire pour le public burundais depuis 1992, année où j’ai quitté le Burundi, croyant d’ailleurs que je n’allais plus y remettre les pieds, tellement la déception était grande. Retourné en Suisse, à Lucerne, en 1992, j’ai enregistré des chansons avec Tom Frey, que je n’ai jamais produites, parce que le Burundi de 1993 avait ”d autres priorités”, des tristes priorités. Mes chansons ayant toujours été controversées, je ne voulais pas qu’ elles soient interprétées autrement étant donné que je n’écris pas pour plaire, pour être sympathique, ni pour qu’on m’admire à tout prix, j’ai préféré donc me retirer du paysage musical burundais. Je m’étais déjà fait des inimitiés avec les 2 premiers albums, ce qui m avait poussé à quitter le Burundi en 92 parce que je me sentais en danger de mort. Ne vivant plus au Burundi, je ne voulais pas que mes chansons attirent des ennuis aux membres de famille qui vivaient au Burundi.

Le groupe de Bahaga après le clip MPORE MA à la RTNB avec Muhozi Innocent qui animait l’émission « au delà du Son ».
Le hit « Mpore ma » tiré de l’album « ikinjana ca 20 » :
Adolphe B.: Le 20iéme siècle dont vous parlez expressément dans votre premier album « Ikinjana ca 20 » a-t- il été aussi désastreux que ça? Qu’en est il du 21ème ?
Bahaga: Heureusement que l’être humain a cette capacité d’oublier avec le temps, si on devait se rappeler de tout ce qui s est passé, pour le Burundi, on deviendrait fou. C’est catastrophique. Je crois que le 20iéme siècle pour le Burundi débute avec la signature du traité de Kiganda qui ne promettait rien de bon. Mwezi Gisabo qui avait pendant des années joué au chat et à la souris avec les envahisseurs allemands finit par se rendre et signer le traité en 1903. Il faut savoir qu’avant cette époque on l’avait toujours emporté sur l’envahisseur, les exemples sont nombreux : Rumariza, ou le Rwanda voisin à kirundo, même les congolais Kilima et Maconco, le traitre. Apres les allemands ce sera le tour des belges( «..abadagi baraza, hanyuma ababiligi. Baza baducura bufuni na buhoro…») puisque le société des nations va octroyer le Burundi et le Rwanda à la Belgique. Ce sera la colonisation qui va humilier les africains en général et les burundais en particulier. Pour se libérer du joug colonial il faudra des sacrifices et beaucoup de gens y compris les héros des indépendances vont y laisser la peau. A peine on commence à savourer l’ indépendance, au sein du parti du prince Louis Rwagasore, c’ est la naissance des camps Casablanca (Batutsi) et Monrovia( Bahutu). Le conflit hutu-tutsi venait d’éclater au grand jour et allait devenir ce qu’on a connu par la suite, 1961, 1965, 1972,1988-1989, 1993…Le Burundi a perdu beaucoup d’hommes, des femmes, de temps et d’énergie utiles pour sa prospérité ce qui fait que nous n’ avons pas avancé et qui explique( qui ne justifie pas) beaucoup ce qui se passe aujourd’hui.
Le hit « Ikinjana ca 20 » qui donne le titre au premier album de Bahaga publié en 1988:
Adolphe B.: L’autrefois quand on causait je vous ai dit combien il est dommage que les ballades à la Bahaga n’existent plus au Burundi et vous m’avez répondu qu’il s’agit d’une espèce en voie de réapparition (et non de disparition!!!).Quand vont elles réapparaitre? Pour moi ça sonnait comme un retour (ou un come-back comme on dit).
Bahaga: J’y travaille pour un come back. Comme je disais donc des chansons j’en ai. Là n’est pas le problème. Je cherche dans quel cadre les produire.
Adolphe B.: Vous m’aviez dit aussi que vous aimiez la chanson «Burikukiye» de Saidi Brazza? Est-ce parce qu’elle correspond à votre nom (Burikukiye) ou il y a d’autres raisons?
Bahaga: Il ya surement une partie de mon ego, bien sur. Mais bon c’ est une chanson engagée en quelque sorte et elle me plait. C’est un thème qui concerne notre pays. Il faudrait bien l’enregistrer, faire des retouches ici et là pour l’améliorer. Parce que c’est cela aujourd’hui j’ai l’impression que les gens confondent une belle chanson et une chanson bien enregistrée. Il ya aujourd’hui avec le progrès technologique, des chansons bien enregistrées mais qui ne disent pas grand choses dans leur fond, juste la forme, une belle fille sans cervelle quoi. Alors qu’il ya par contre des belles chansons qui eux restent même quand elles n’ont pas été bien enregistrées. Ces dernières quand elles sont bien enregistrées, c’est la cerise sur le gâteau.
Adolphe B.: Quels sont les autres artistes burundais que vous appréciez à part Saidi Brazza en ce moment? Que pensez vous de la scène burundaise actuelle? Quelle musique écoute Bahaga quotidiennement? Quels sont tes artistes préférés (burundais ou d’ailleurs)?
Bahaga: Vous savez le problème est que je ne sais pas séparer l’artiste de l’homme. Il y a ceux qui me donne une bonne impression artistiquement parlant, et quand je les croise je suis déçu par leurs comportements de se prendre pour des superstars. Ils n’hésitent même pas de parler de show-business au Burundi. Est ce qu’ on peut parler de show-business au Burundi? Juste quelques studios de piratage, des chaines de radios et de TV qui ne payent jamais l´usufruit et/ ou les droits d’auteurs. Est ce cela le show-business? Parmi ceux que j’ai rencontré personnellement, je garde un bon souvenir de Steven Sogo, musicalement et humainement parlant. Il ya aussi un autre musicien basé au Royaume Uni, Mudibu dont je n’entends parlé que du bien.
Ne vivant pas au Burundi depuis quand même quelques années, je dois avouer que je ne connais pas tous les musiciens donc donner des noms des musiciens que j’apprécie ne peut être que subjectif. Quant à la musique que j’écoute en ce moment, j’écoute la musique congolaise des années 70 et même d’avant, je suis sous le coup de foudre avec cette musique, je ne sais pas ce qui me prend, ce sont des chansons en fait disparues des ondes des Radio burundaise avec la venue de la deuxième République, donc des musiciens comme Docteur Nico, Rochereau, Pepe Kalle… On peut dire tout ce qu’on veut sur le Congo, le conquérir , le coloniser mais sa musique survivra même quand il restera un seul congolais. J’en profite pour saluer Roger Kalonji Biaya, un musicien ami congolais de longue date. Sinon, il faut dire que j’écoute tout, de la musique pop moderne à la musique orientale, passant par tous les genres musicaux, chaque genre est toujours un enrichissement, donc vous comprenez que la liste serait trop longue et je suis sur que je ne me souviendrais même pas de tous.
Adolphe B.: Dans un Burundi longtemps rongé par des conflits interethniques, nombreux ont toujours voulu tout expliquer à travers le facteur ethnie. Ainsi votre hit communément appelé «Jewe Yohani na Serejiyo» a été considéré par nombreux burundais comme faisant allusion aux trois ethnies hutu, tutsi, twa. Est-ce vrai? La chanson parle t’ elle réellement d’une simple amitié entre trois amis ou il y a réellement une connotation (ou juste une allusion) ethnique dans ce chant?
Le hit « ibiti vy’amufe » tiré de l’album « Ibiti vy’amufe »:
Ibiti Vy amufe Original (Bahaga)
Bahaga: La chanson s’intitule «Ibiti vy’amufe». En composant la chanson, je dois vous décevoir , je n’ai pas pensé à tout cela. Je n’ai pas pensé “Jewe Yohani na Serejiyo” comme étant les trois ethnies Bahutu, Batutsi et Batwa. C’était juste une histoire d’amitié. En fait dans cette chanson je décris la venue du colonisateur allemand, puis belge qui a fait que mon père ait résisté. Quand j’ ai composé cette chanson il était strictement interdit de parler d’ethnies, strictement interdit!!!. Le message politique et hypocrite véhiculé à l’époque était: nous sommes tous les mêmes, on partage tout,…(«..Twese turi bamwe , twonse rimwe, dusangiye akabisi n’agahiye, turi abavukanyi, turi abarundi twese..»), chanson à la quelle j’ai refusé de participer parce que je trouvais qu’elle ne reflétait pas du tout la réalité. C’était un mensonge. On nous disait que nous étions tous des burundais et derrière tout ça si tu étais né hutu et que tu voulais en être fier, commençaient les problèmes. Il n’ y avait pas de quoi être fier, déjà tu ne savais pas où ton père avait été enterré ou bien avait fui, et donc bien sûr quand tu commençais à poser certaines questions pour mieux comprendre ou tout simplement pour pouvoir pleurer les tiens disparus sans explications, tout se compliquait.
Jeune universitaire que j’étais j’ai voulu analyser certaines choses intellectuellement parlant, et cela m’a couté très cher: un renvoi de l’université, et avec tout ça la perte de tout un monde de gens que je considérais comme amis jusque là. Avant j’étais aimé de tous, professeurs et étudiants, mais du jour au lendemain quand on apprenait que mon père était hutu, condamné à mort en 1965, j’avais à peine 2 ans, je devenais ennemi public. Ici il faut dire que ma mère est tutsi et que je l’aime plus que tout au monde, je dirais même plus que mon père, que j’ai vu seulement quand j’avais 20 ans.
Trop jeune, j’avais toujours cru que les bahutu étaient les «abamenja» (les méchants) comme on disait à l’époque. Croyant moi même que j’étais tutsi, tout a basculé lorsque j’ai appris que je n’étais pas tutsi et que par conséquent je devenais aussi l’ennemi public. Donc j’ai commencé à engager des discussions par rapport à cela quand j’étais à l’université et cela m’a valu donc inimitié d’un professeur qui était doyen de la faculté. Il faisait la pluie et le beau temps, et il a décidé que tant qu’ il sera doyen je ne passerais pas de classe. Venant de «Bururi», comme la plupart du corps académique de l’époque, j’ai beau écrire au recteur et vice recteur pour qu’ils interviennent en ma faveur parce qu’à vrai dire personne n’avait compris que l’on me virait de l’université pour des motifs discriminatoires, puisque j’avais tout pour finir le troisième cycle en ce qui concerne la langue de Shakespeare, rien n’y fit. Dès que les gens apprenaient que mon père était hutu, et que par conséquent moi aussi je le suis, ils se méfiaient de moi.
C’est dans ce contexte que j’ai refusé de refaire la 1e licence et je me suis envolé pour la Suisse. Je trouvais qu’ils me lançaient un défi, donc en Suisse je me suis mis à enregistrer mes premières chansons en kirundi. Le succès que firent ses chansons était énorme, mais avec ce qui s’était passé auparavant on voulait savoir qui j’étais et chaque fois ressurgissait ce qui m était arrivé ainsi tout le monde apprenait que j’étais hutu et se méfiait de mes textes. Donc les gens qui ont toujours vu hutu tutsi dans mes chansons c’était pour rappeler au public que j’étais hutu. A titre d’exemple la chanson inanga « sindirimba » de Melchior Ntahonkiriye n’a jamais irrité les burundais, pourtant elle était aussi politique que «ikinjana ca 20».
La chanson inanga « sindirimba » de Melchior Ntahonkiriye:
Cela ne me dérangeait pas du tout d’être signalé comme hutu, j’ai toujours été fier d’être celui que je suis. C’est seulement quand les appréhensions, les attaques ont commencé envers ma personne, que cela m’est devenu insupportable. Je conserve encore des coupures des journaux de l’époque avec un titre «Bahaga mu mvura y’amabuye ku Musaga», j’ai failli me faire lyncher avec mon groupe dans ce quartier, on quitta les lieux sous escorte militaire. A Ngozi pareille situation, le gouverneur s’en prit à moi lorsque un groupe violent voulait m’empêcher de chanter, il voulait que ce soit seulement feu Jaggen qui chante, bien qu’il n’était que mon invité dans une tournée dans tout le Burundi. Ce groupe sema la pagaille. Lorsque le gouverneur vint, il mit tout ça sur mon dos. A «l’odéon palace» en 1991, c était la première fois que j’entendais parler des groupes «sans échecs». Heureusement que j’ai aussi le mérite d’avoir instauré les gardes du corps au Burundi, chose que la «city security company» copia tout de suite. Donc mes gardes du corps, Mukama, John et compagnie puisque c’est d’eux qu’ils s’agit, de vrais malabards ont dispersé les « sans défaites » et mon spectacle n’en fut pas entaché. Après cet incident je fus convoqué chez le commandant de district, puis chez tel ou tel autre militaire, et je suis comparu sans toutefois réaliser le danger de toute cett’histoire et heureusement pour moi j’ai quitté le Bureau Spécial de Recherche (BSR) sans que rien ne m’arrive. Après quand j’ai raconté chez qui j’avais été comparaitre au BSR, et que je ne m’étais pas laissé faire, (pour ne pas dire que j’avais été même à la limite de l’arrogance) on me raconta le palmarès du militaire devant qui j’avais comparu en terme de décès pendant les interrogatoires, j’en ai encore aujourd’hui la chair de poule. Et depuis je n’ai plus comparu.
Ce que tous ces gens ignoraient c’est que je suis non seulement hutu mais je suis aussi tutsi. Et ça personne ne peut le changer. Cette situation je la préfère d’ailleurs puisqu’ elle m’a évité de prendre un parti mais aussi elle m’a permis de voir les choses honnêtement. Je pourrais parler de mes déboires avec les hutus me prenant pour un tutsi sauf qu’eux ils n’avaient pas de pouvoir à l’époque pour me faire exclure de l’école comme a voulu le faire ce professeur hutu devenu plus tard ministre sous Buyoya, mais les jésuites connaissant mes capacités nous ont convoqués (le prof et moi-même), car j’avais été me plaindre chez le père recteur que j’avais été injustement coté et le professeur avait admis avoir donné les points de manière fictive. Et je passai de la seconde à la première lettre moderne sans problèmes. Donc je dois dire que j’ai longtemps regretté le fait qu’à l’université qu’il n’y ait pas eu de justice. Hey je crois que j’ai répondu plus qu’il ne fallait à cette question!!
Adolphe B.: Il le fallait si non on aurait beau cherché, on n’aurait jamais compris le pourquoi de cette allusion ethnique de cette chanson. Qu’en est il de «Yasa n’irirenga»? Dans votre chanson « Yasa n’irirenga »: « ..abatware nibo bamuntwaye…..yasa nirirenga…. »,de qui s’agissait elle? Qui sont les chefs qui ont kidnappé ta bien aimée (qui sont les batware bamugutwaye)? C’est du vécu?
Le hit « Yasa n’irirenga » tiré de l’album « Ikinjana ca 20 »:
Yasa n’ irirenga originale (Bahaga).
Bahaga: Lorsque j’ai envoyé la chanson « Yasa n’irirenga » depuis la Suisse, je ne savais pas quel impact la chanson allait avoir au Burundi, il parait que la chanson aurait été diffusée la première fois tôt le matin, ici je remercie feu Martin Nzeyimana qui avait toujours cru en moi, pour ce travail de promotion nécessaire, un ami avec lequel j’avais crée le cercle des jeunes artistes (CERJEA), donc une fois la chanson diffusée je fus envahi par des messages d’encouragement mais aussi par des « demandes en mariage » des filles que je ne connaissais ni d’Adam ni d’Eve, merci pour toutes ces fans, ou groupies de première heure.
Mais il faut que les gens arrêtent d’écouter mes chansons au premier degré. Il se peut que je sois narcissique mais je ne parle pas toujours que de moi même, ou de mon vécu personnel. Je regarde, j’écoute ce qui se passe autour de moi, je fais aussi des recherches même si c’est seulement pour 3 minutes d’une chanson. Souvent, il faut des mois de travail pour être satisfait du résultat. Bien sûr on peut écrire une chanson aussi en quelques minutes mais ca dépend de ce que l’on cherche , et surtout de comment on veut le transmettre.
Donc la chanson aborde ici un thème aussi vieux que le monde, la belle qui craque abandonnant son amour véritable à cause du matérialisme. Bien que j’ai croisé même des filles qui m’ont convaincu que c’était d’elles qu’il s agissait dans mes chansons, je dois encore une fois décevoir. L’autre jour dans un salon à Bujumbura aussi j’appris chez un de ces nouveaux riches de la capitale que «Yasa n’ irirenga» était la plus belle fille de ma faculté des lettres et sciences humaines, ils ont dit que c’était F.K. Elle était effectivement la plus belle fille de ma classe et peut être de toute l’université.Et si à l’époque il y avait un concours Miss Burundi, elle l’aurait remporté sans effort, bon peut être que il s’agit entre autre d’elle parce qu’elle était déjà avec ce même monsieur riche mais il faut regarder autour de soi les «yasa n irirenga» et «abatware» il yen a eu, il y en a et il y en aura toujours tant que le monde sera le monde.
Moi ce que j’adore dans tout cela, c’est que ca me rappelle cette burundaise que j’ai rencontrée en Allemagne il ya quelques années elle me dit qu’elle n’aimait pas mes chansons qu’elle préférait les chansons de Matata. Ce n’était pas la première fois que quelqu’un me faisait comprendre qu’il préférait les chansons de Matata aux miennes, mais la j’étais en face de quelqu’un qui me le disait droit dans les yeux. Je ne fus pas vexé mais je lui ai demandé de me dire pourquoi, juste pour savoir, parce que je lui ai tout de suite fait comprendre que je ne chante pas pour mes copains, elle m’a alors dit que la raison était que mes chansons la faisait réfléchir. Je vous jure c’était le meilleur compliment le plus bizarrement exprimé que j’avais jamais reçu, je lui ai alors dit que je me sentais flatté, que c’était là le but de mes chansons et j’étais content que le message était passé.
Donc pour «yasa n’irirenga» comme pour mes autres chansons je vous invite à aller plus loin que le premier degré, à ce moment vous comprendrez que mes chansons signent le premier rôle et moi je joue un petit rôle, des fois je suis un figurant parce que la chanson s’écrit d’elle même et je ne suis que le scribe donc « yasa n’irirenga », «abatware» c’est bien de se poser des questions de qui il peut s’agir mais aussi de trouver les réponses parce c est là le but du jeu.
Par contre, une fois début 90 je fus invité à l’hôtel Meriden Source du Nil pour jouer ce morceau. Comme d’habitude je n’aime pas jouer dans ce genre d’événement, le couple en question passa par une connaissance commune pour que j’accepte de jouer pour eux et que la chanson «yasa n’irirenga» allait bien avec le thème du jour. A la fin, je finis par accepter et lorsque plus tard pendant la réception je finis de jouer cette chanson, le mari vint et me surssura à l’oreille qu’ il tenait à tout prix à ce que je chante cette chanson parce ce qu’ il a piqué son épouse à quelqu’un qui n’était pas aussi nanti que lui, et là je me suis dit : le type il est peut être riche mais il n’a rien compris de cette chanson.
Adolphe B.: Oh lala! J’avoue que je m’attendais à tout autre explication de cette chanson. Changeons de sujet. Vous me disiez l’autre fois: « il ne suffit pas de textes bien fait mais il faut surtout les chanter en kirundi, pas chanter le kirundi en swahili ou en anglais. C’est là où réside le problème. Peu importe que le texte soit engagé ou pas l’important est de le chanter à la burundaise» Expliquez nous profondément votre concept de chanter un texte en kirundi et non le kirundi en swahili ou en anglais? Que vouliez-vous dire par là?
Bahaga: Chanter le kirundi en respectant la façon dont on parle le kirundi. Bref il y a des intonations qu’il ne faut pas faire dans une langue sur un mot parce qu’après le mot perd sa signification. Soit on ne le comprend pas, soit on comprend autre chose, d’autant plus que en kirundi on ne s’est pas encore décidé sur les accents, (utwatuzo), ce qui fait qu’un mot, s’écrivant de la même façon se lit différemment selon les contextes et les significations. (Ex. INTORE zo kurya, INTORE zitamba INTORE, ou bien INKOKO zirabika ariko INKOKO irimwo umutsima). Ceci est donc valable pour toutes les langues, ce n’est pas propre au kirundi. Il y a une tendance, pour la nouvelle génération, à chanter comme des américains, avec un accent américain. C’est triste parce qu’il faut faire un effort supplémentaire pour comprendre ce que le chanteur veut dire. Pourtant s’il chante correctement le message passe facilement et la chanson et même agréable à l’oreille. La musique adoucit les mœurs.
Adolphe B.: Que pensez vous des artistes burundais qui s’efforcent de chanter en swahili (au détriment de notre langue le kirundi) pour soit disant conquérir les pays de l’EAC? Est il impossible de conquérir l’espace Est africaine ou autre en chantant en kirundi? Si non comment expliquez vous que Youssou N’dour ait conquis le monde entier en chantant en wolof?
Bahaga: Ils peuvent chanter en swahili s’ils veulent, l’essentiel dans tout ça est d’être à l’aise dans ce qu’ils font et de ne pas être complexé. Encore qu’il n’y a pas de recettes pour faire un tube. Seulement bien sur en tant que burundais nous aimerions tous qu’ils chantent en kirundi, mais les musiciens sont libres, ils ne travaillent pas à la maison du Parti comme à l’ époque du Parti unique, pour faire les louanges du régime en place. On peut conquérir le monde même avec un instrumental ou bien une langue que personne ne comprend. L’exemple est le cas d’ une compatriote qui est allée très loin dans la musique. Elle chante en swahili, soi disant, mais là je vous défierais de me dire ce qu’elle chante.
Quant tu signes avec une Major et que tu es capable, tu va loin c’est le cas de Youssou N’dour, il y a beaucoup de musiciens ou groupes qui ont signé avec des majors mais qui ne sont pas allés loin. Les majors organisent tout pour l’artiste et même s’il n’est pas connu du public, les majors y mettent l’argent pour financer l’artiste, mais si le groupe ou artiste n’est pas à la hauteur la Major laisse tomber l’artiste. Donc même en kirundi on peut être numéro 1 du hit parade mondial, il faut arriver à être nominé pour cela. Donc l’essentiel c’est d’être capable et d’être au bon endroit au bon moment, donc il ya aussi une dose de chance aussi même s’il ne faut pas que cela. Vous savez, je n’ai jamais vu nulle part un public qui discrimine quand l’artiste fait du bon travail. C’est universel quand c’est beau, le public aime. Et pour cela la langue joue un rôle mineur. C’est vrai que l’anglais est devenue un instrument de musique parmi tant d’autres et le français une langue africaine, mais pour répondre à votre question, cela ne me dérange pas que les artistes burundais choisissent une autre langue. Une langue c’est juste un instrument comme tant d’autres sinon la bonne musique elle est universelle. Peu importe la langue.
Adolphe B.: Non satisfait de votre succès dans la musique. Vous avez aussi fait une incursion dans le monde du Cinéma dans «Gito l’ingrat» le seul long métrage du Burundi. Parlez nous de cett expérience?
Bahaga: J’ai eu l’occasion de jouer dans «Gito l ingrat» un rôle d’un ami musicien à Gito, Ngoga qui venait d’un quartier pauvre et qui a quand même essayé d’aider Gito quand il connût la galère, notamment en l’hébergeant.C’était une bonne expérience qui avait déjà commencé par un autre film de Jaques Sandoz, «La Part Du Serpent» dont une partie avait été tournée en 1991 à Resha. C’était un bonheur d’avoir des grands acteurs comme Malcom Mc Dowell, Marc Vernon, Philippe Leotard et des musiciens de la carrure de Patrick Moraz et de Durga MC Broom.
Adolphe B.: Un dernier mot pour les fans qui espèrent vous revoir un jour sur scène.
Bahaga: Je leur suis reconnaissant, je dis merci. Je vais faire de mon possible pour revenir le plus rapidement possible sur scène. Je sens moi même que le besoin se fait sentir. Je dis bien si Dieu le veut pour exprimer mon regret et le choc sous lequel j’ai été de lire la mort de Jean Christophe Matata sur le net, un collègue de longue date et aussi faut dire qu’on était rival mais de manière saine. Je me souviens de cette rivalité les uns se reconnaissant de Nyabagera et les autres de Ntahangwa, Nyakabiga contre Kamenge, nos deux groupes respectifs. Je me souviens des compétitions Ntahangwa River( Riva) vs Africa Nil Band à l’hôtel Méridien en 1986, je me souviens des tournées dans tout le Rwanda où Matata était dans son quartier général.
Quand il a sorti «Amaso Akunda», j’étais au Collège du St esprit, on a fait connaissance plus tard par le biais de Abdallah le bassiste et TOTO lys le Soliste, Sugar Brenya Keyboard, tous les 3 musiciens de «Afrika Nil Band», des anciens camarades de classe de l’école primaire Saint Catholique Michel («ku se Michel») qui eux déjà à l’école primaire jouaient comme des professionnels.
J’ai été choqué d’autant plus que je rentrais du Burundi, j’y étais au mois de novembre 2010 et fin novembre alors que j’allais prendre l’avion de retour, je le croise à l’aéroport de Bujumbura juste le temps de se dire bonjour après beaucoup d’années, et le félicitant d’avoir opté de vivre et travailler au Burundi. Du fond du cœur, je trouvais cela une décision courageuse, celle que j’aimerais aussi prendre mais que je n’arrive pas encore à faire. J’étais content de l’avoir rencontré. Il était resté le même, souriant, il m’a même présenté à un monsieur qui était avec lui qui ne me connaissait pas et il a tenu à ce que celui-ci sache qui je suis (dans le style, «none uyu wamumenye?» et l’autre de répondre non, «uyu ni Bahaga») et j’ai senti que nos rivalités de l’époque n’existaient plus et j’étais content et en m’éloignant prendre mon avion, je n’ai pas su que c’était la dernière fois que je le voyais.
Adolphe B.: Encore merci d’avoir accepté de répondre à nos questions.
Bahaga: C’est moi qui vous remercie.
Propos recueillis par BIREHANISENGE Adolphe.
Interview Bahaga du 18.12.99 sur Radio21 (Bruxelles):
La chanson « Ku se mishel » tiré de l’album « ikinjana ca 20 » de Bahaga:
« Umunyarwandakazi » la plus récente chanson inédite de Bahaga (2002):
Thank you Bahaga to say it. Burundians don’t say « IT » BECAUSE NO ONE IS PROUD OF WHAT THEY HAVE DONE THROUGHOUT HISTORY, Biteye AGAHINDA.
Un artiste comme il y’en a plus beaucoup
Respect!
urakoze cane Bahaga…jewe ndipfuza cane ko ugaruka mu Burundi kuko ni benshi bakunda indirimbo zawe…naho ntamenye umwami ruhaga mu bo nize….thank you and go ahead…
A coeur ouvert!!!
Tu chantes très bien Bahaga!!! komera!
Ca faisait longtemps que je n,entendais plus ta voix.Puis-je encore te voir de mes propres yeux.
Tu étais sympa, adorable,plein de bons messages.
Merci de réapparaître mon frère.
Joseph
Merci sana indirimbo zaw ziratesaa….. cne mais woza ugira concert ino?
Thank you Mr.Bahaga. I personally respect you and love your music. I’d rather spend the whole day listening to just one of your songs instead of getting into my ears the so called Burundian hip hop. You, along with Africa Nova as well as the late Matata, David Nikiza, Canjo, and many others musicians of the old school in burundi, made an indelible mark in my heart. I also like your candid expression of your life and your story.I did not know that you are one of the Burundians who mercilessly suffered at the end of our harsh history. May God keep you strong and may He bless the work of thy hands.
You are a hero. Thank you.
Mon frère,
Nsimfise uko nvuga ariko menya ko turororereye ryari uzotaha mu nyakabiga tugasangira kimwe.
you are a national treasure!your music teaches much about burundi.God bless!
Indirimbo zawe ziraryoshe cane nciye nkumbura iwacu. Oya nyabuna tabaranya ugaruke udukumbuze iwacu abari kure urazi ko amahanga aryana.
Bravo, Bahaga c’est très sympa.
Ndatangaye cane gwose kuko naherutse nimita indirimbo zawe .Hama bambwirako abantu bitwa ba burikukiye bavutse 1962 none ko amafoto mbona atasa nimyaka ufise? Yoba ari wewe?Ndatangaye ariko musazanje ari i burundi numuririmvyi ambwiye ko warukiriho Imana ishimwe cane tuhe ibiganiro nibiteramo abarundi muririmba amajambo atomoye musa nabishira inyuma kandi arimwe dukeneye gushigikira.kugira abana bacu bareke guta akaranga nukwibagira abasokuru. None uzotunezereza ryari?aha muri hollang niho mba .dus umunezero urandenze ugire Imana.kandi uduhe ibiteramo.
Bahaga, garuka kuri scène abarundi barakenye ijwi ryawe na cane cane impanuro n’inyigisho uzi gutanga mu ndirimbo zawe
nanje ndishimye cana cane rwose kubona mukiriho. nkiri muto nakunda kumva indirimbo zanyu zikanshimisha cane ,nabasabaga muzokore amateka ya Adolphe bigirimana nanje ndagerageza gukora nkaba ndi umuhungu wa TOTO lyss murakoze cane Bahaga ndakunda indirimbo zawe cane zinyigisha ibintu vyinshi mu buzima!!!!
Bahaga, je suis tres content de t’ecouter de nouveau, seulement ton histoire ressemble etrangement au mien, sauf que moi je suis d’origine rwandaise,je t’ai tojours aime, et j’ai toujours ete inspire par ta musique de puis mon jeune enfance,surtout que tu chantais: »hewe mpfura yanjye,..urampevye uragiye, ari wewe narinizeye,mbe nzoyaga nande… »je plairai,
Respect !!!!! Merci beaucoup cher BAHAGA pour votre très riche et touchante histoire qui inspire la paix et encourage l’amour du procahin. Quant à votre musique, elle est un grand trésor pour tous ceux qui l’écoutent avec le coeur, et la comprennent sans haine.Que Dieu vous bénisse infiniment!
Hey,
Bahaga tu es super. tu ma marquer! je pense tout le temps a toi. jesper que tu va bien. continue comme ca.
Biga
BAHAGA UZA GUCURANG MURWANDA INYAMILAMBO 1986 NARIMFITE IMYAKA10 WATUABAIYE UKANDIKA HISTOIRE YAWE MUKIRUNDI NONE SE WAZIMYE UTE?UBUSE ULI MUBULUNDI TANGA AMAKULU YAWE KUBaKUNZI BAWE RWOSE NAWIBUKA NANYAKWIGENDERA JC MATATA MUMBA MUMARASO KOLA IBISHOBOKA BYOSE UBU UMUGABO WEKUZIMA BULUNDU INGANZO YAWE ILAKENEWEIMANA IGUSHOBOZE
BAHAGA, NAGIRE NDAKUBWIRE KO MURI JEUNESSE YANJE NAGUKUNZE GUSHIKA AHO BANYIRUKANA KW’ISHURE DANS LES ANNEES 1990 N’IBIHE VYAKURIKIYE MURI ZANDIRIMBO ZAWE: NKA IKINJANA CA 20 – MBE MUKOBWA………. GUSHIKA AHO NIPFUZA BASI KUKUBONA KUGIRA NGO UMUTIMA USUBIRE HAMWE. NARAKUBISWE MWISHURE (PRIMAIRE) BAMFASHE NDIKO NDAGUCAPA GUSHIKA AHO BANYIRUKANA KUKO NARI NANSE KUGUHEBA. MBE NONE UBU URI HE? NTIWOSUBIRA KURIRIMBA NKASUBIRA KUKWUMVA? NARI NIPFUZA I PHOTO ZAWE. MBE UFISE ABANA BANGAHE?
You re a treasure for generations!!!! Keep up the good work!!! God bless!!! Yes reconciliation is possible in Burundi with eyewitnesses like you!
Ni vyiza ko hagira umuntu avugira abashobora kuba bumva batagira ijambo igihe kimwe; ni vyiza ko abatera kurema no kwizera ariko ntatangure kubesha ngo ahindure kahise kubera agahari katamuvugira canke ngo kavugire abiwe. Abahumbi b’i Buha batwara Ubuha bwo Haruguru;abami baho bitwa Gihumbi,Ruhaga,…n’ayandi. Abahumbi bari abatutsi cane; kanbi bari abatutsi b’imfura kuko n’abamikazi benshi b’uRwanda bavuye i Buha. Ubuha bwari bufitaniye imigenderanire ikomeye na Karagwe k’abahinda n’abanyiginya. Abami b’abaha nabo bo mu Buha bwo hepfo bari abatutsi b’abakimbiri abandi nabo bavuga ko boba bari abahima b’abahinda.Mu Burundi turazi ko mu batware, imbere y’abazungu, hariho abahutu benshib’imiryango ikomeye y’abavumu,abashubi,abajiji n’abahanza; i Buha birazwi neza ko ata mutware w’umuhutu yahaba.Hoho rero ntibavuga abahutu, bavuga abaha kuko abatutsi baba ukwabo mu misozi bitwa uko nyene: Abatutsi.Nimba ashaka ko tuvuga ukuri reka dutangure nyako.Abantu bagere kuvyo bifuza kandi bagire ijambo mu bandi ariko ntibahindure kahise ngo kubera katabashimije. Murakoze
en tout cas
twese turagukunda komera
Urakoze chane njyewe ndavuye umuryango w’Abakimbiri w’Abaha . Buha state located Heru juu Kasulu district, Kigoma region Tz
Bonjour Prosper et meilleurs voeux pour l année 2017!
Fais mes salutations à ta charmante maman (Agathe) Je suis très contente de retrouver un petit frère, après Pacifique et Fidela
Nous étions voisins quand est venu au monde. C est mon père que t a tenu au dessus du fond
baptismal. Et ton prénom fut PROSPER.
Bandanya utere imbere et Dieu te protège