Après la clôture de la 22éme édition du Fespaco qui a vu un film burundais («histoire d’une haine manquée») récompensé par le Prix Spécial des Droits Humains, c’est au tour de la troisième édition du Festival International du Cinéma et de l’Audiovisuel du Burundi (FESTICAB) qui se tiendra du 29 avril au 6 mai 2011 au Burundi. En attendant cette nouvelle édition qui se veut encore plus professionnelle, plus ambitieuse, plus riche en émotions et découvertes que les précédentes nous avons rencontré le directeur du festival qui autre n’est que Francis Muhire que vous connaissez déjà.
Adolphe B.: Décidément vous n’arrêterez pas de nous surprendre. Après tout juste une année de votre victoire comme auteur de la meilleure œuvre burundaise (« Taxi-love » ) au Festicab 2010 vous en êtes devenu le directeur?
Muhire Francis: Oui, j’en suis devenu le directeur depuis la fin de l’année 2010. C’était en remplacement d’Eloge NZELIMANA, parti en France pour un master en audiovisuel, grâce à une bourse d’étude du Ministère de la Culture, Jeunesse et Sport. C’était dans le cadre du partenariat avec l’Association Burundaise des Créateurs d’Image et du Son (ABCIS), dont je suis le vice-président, et qui est aussi l’initiateur du FESTICAB.
Adolphe B: Comment s’est déroulé le passage? Ce passage n’a-t-il pas été trop rapide?, N’avez-vous pas trop vite grimpé les échelons? En quoi consiste concrètement cette fonction? De quoi vous occupez vous exactement au sein du Festicab?
Muhire Francis: Le passage s’est bien déroulé. En fait je n’ai fait qu’entrer dans un monde que j’avais déjà commencé à découvrir et à aimer. Donc je n’ai pas vraiment eu l’impression de grimper rapidement les échelons. Et de ma nature, je suis plutôt quelqu’un qui accueille tout avec une tête bien froide, sans toutefois manquer d’enthousiasme. Et le travail de Directeur du FESTICAB consiste au fait en un travail d’organisation et de gestion, de travail d’équipe et de coordination. N’ayant pas déjà travaillé comme Directeur du FESTICAB, les conseils de mon prédécesseur m’ont donc été d’une importance capitale, mais aussi ceux du Président du FESTICAB, Mr. Ngabo Léonce sont pour moi des lanternes jusqu’à maintenant.
Adolphe B.: A part la remise des prix et « le défilé » des grands professionnels du cinéma africain sur le tapis rouge en quoi ce festival aide-t-il concrètement au développement du cinéma burundais qui fait encore ses premiers pas?
Muhire Francis: Le FESTICAB est une fenêtre ouverte, du Burundi vers le cinéma International. Il offre donc une large visibilité aux productions cinématographiques burundaises. Et cette visibilité n’est plus à démontrer à l’heure où des films comme «Taxi-Love» et «Histoire d’une Haine Manquée» ont été repérés par des gens du FESPACO, venus au FESTICAB comme membres de jury. Mais aussi, durant le FESTICAB, des formations sur différents métiers du cinéma sont organisées au profit des jeunes réalisateurs burundais. Je connais bien l’importance de telles formations pour y avoir déjà participé moi-même. Et dans un pays comme le Burundi où il n’y a pas encore d’école de cinéma, où nous avons découvert les techniques cinématographiques par simple contact, le FESTICAB est une occasion en or. Et pour cette troisième édition, nous avons expressément réservé une catégorie de compétition nationale, dans laquelle seront inscrits des films réalisés par des burundais ou sur des thématiques burundaises. Tout cela dans le but bien sur de booster le cinéma burundais.

Clément Tabsoba du FESPACO, Ngabo Léonce président du FESTICAB, Jean Marie Ndihokubwayo et Francis Muhire, lors de la remise des prix au Festicab 2010.
Adolphe B.: Ces nouvelles fonctions ne risquent pas de bloquer ou de ralentir l’évolution personnelle de votre carrière cinématographique?
Muhire Francis: Il est vrai que la tâche de Directeur de FESTICAB est assez exigeante, mais je ne crois pas qu’elle sera un frein à mes visées cinématographiques pour l’avenir. Ces fonctions pourraient peut être même m’ouvrir encore plus de portes dans ce domaine. On ne sait jamais !!! Si non je me définis comme un «hard worker», donc pendant la journée je fais le travail de directeur, et le soir, quand les muses me visitent, j’écris un peu, je compose. J’ai même un autre projet de film pour l’année prochaine.
Adolphe B.: Quel sera la particularité de cett’ édition par rapport à la précédente? Quelques anticipations? Quels sont les participants burundais de cette édition?
Muhire Francis: La plus grande particularité de cette troisième édition est l’intégration du FESTICAB dans la région de l’ East African Community. En effet, grâce au financement de Trade Mark EAC (TMEA), une ONG Est- africaine qui s’occupe de l’intégration parfaite des pays à l’East african community, nous avons pu inviter deux professionnels du cinéma ressortissants des pays de la région à savoir le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda et le Rwanda. Ils viendront pour donner des formations, mais aussi pour être membres des jurys. Il y’aura aussi des films de la région est-africaine dans la programmation du FESTICAB 2011. Une autre particularité sera « Le Coin du Livre», qui sera une sorte de rencontre littéraire autour du thème «Le cinéma commence par un acte littéraire d’écriture de scenarios». Quant aux participant burundais, attendez-vous à découvrir de nouveaux visages et de nouvelle façons de raconter des histoires, mais déjà Jean Marie NDIHOKUBWAYO sera là avec un autre film.
Adolphe B.: Encore merci.
Muhire Francis: C’est moi qui vous remercie. Nous apprécions beaucoup le travail que vous faites.
Propos recueillis par BIREHANISENGE Adolphe.
http://twitter.com/#!/Adolpheb
Pour plus de détails visitez : http://www.festicab.org/
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